Le kayak de mer
Le kayak de mer, inventé par les Esquimaux il y a quatre mille ans, est souvent considéré comme le moyen de transport idéal en milieu arctique. Le Spitzberg ne connaît ni routes ni sentiers. Son relief très accidenté, régulièrement entaillé par des vallées glaciaires, rend difficile la progression par voie terrestre, surtout en été. Les déplacements s’effectuent donc par la mer ; le kayak est alors l’outil de prédilection du randonneur. Qu’elles soient rigides ou démontables, toutes les embarcations doivent être stables car le retournement dans ces eaux glacées (1 à 5 °C) est à exclure. Le gouvernail actionné par un palonnier est indispensable compte tenu du vent, du volume et du poids transporté. L’habitacle doit pouvoir contenir au moins deux semaines d’autonomie alimentaire avec tente et effets personnels. Les affaires les plus lourdes seront chargées à l’intérieur, à la proue comme à la poupe, sachant que le pont arrière accueillera le reste de l’équipement, à condition que celui-ci soit relativement peu volumineux et léger : une mauvaise répartition du poids et un volume extérieur excessif sont dangereux en cas de mer formée. Choisir un kayak spacieux et confortable n’est pas un luxe quand il faut pagayer six à dix heures par jour. Les modèles les plus volumineux, qui sont les modèles démontables, peuvent contenir jusqu’à cinq semaines d’autonomie alimentaire pour un usage biplace, et douze semaines en monoplace. Les modèles rigides monoplaces acceptent une autonomie maximale de huit semaines. La limite de capacité d’un kayak ne tient pas au poids du chargement mais à son volume, ainsi qu’aux conditions de sécurité liées à l’équilibre. Les kayaks destinés aux expéditions progressent à une vitesse de 4,5 à 6 km/heure.
La tenue du kayakiste inclut des bottes, des sous-vêtements chauds, des gants, un chandail en fibre polaire, une cagoule et surtout une combinaison sèche. Cette dernière, grâce à ses manchons en latex, est étanche même en cas d’immersion. Le matériel de sécurité comprend les traditionnels feux à main et miroir de signalisation, une pompe à eau, une trousse de réparation, un compas, une pharmacie et une balise de détresse. Avec un kayak lourdement chargé l’esquimautage est souvent impraticable : en cas de chavirage, le kayakiste doit s’extraire de son embarcation et attendre l’aide d’un équipier.
Navigation
L’obstacle principal à la navigation en kayak demeure le vent, qu’il soit d’origine dépressionnaire, auquel cas il vient de l’ouest ou du nord-est, ou d’origine thermique, quand il souffle des glaciers vers le large. Ces vents thermiques, appelés aussi catabatiques, atteignent couramment 6 sur l’échelle de Beaufort et peuvent interdire la traversée d’un fjord plusieurs jours durant, tant qu’une couche nuageuse ne viendra pas s’intercaler entre le soleil et la mer qu’il réchauffe. Les fjords du centre du Spitzberg sont de véritables couloirs pour les vents locaux. Les passages dépressionnaires peuvent se succéder rapidement, l’état du ciel changer du tout au tout d’un jour à l’autre mais, généralement, l’observer suffit pour déterminer si la navigation prévue risque ou non d’être compromise. Tenir compte du relief est déterminant, les fjords et les montagnes pouvant constituer d’excellents abris. La côte ouest du Spitzberg, truffée de rochers et exposée à la houle du large, est la plus périlleuse. Des criques glaciaires forment parfois un port naturel, mais leur accès peut être dangereux en cas de mauvais temps, par suite des moraines affleurantes.
Les indications barométriques doivent être interprétées avec prudence. Un blizzard estival et des vents de 100 km/h peuvent persister trois jours avec un baromètre verrouillé sur 1 021 millibars. Inversement, une chute spectaculaire de la pression à 985 millibars s’accompagnera d’un temps serein. Le marnage est de l’ordre d’un à deux mètres. Les marées sont rarement à prendre en compte dans une navigation en kayak, les courants associés n’atteignant pas la vitesse d’un nœud. Cependant, le détroit entre Prins Karls Forland et la péninsule de Sarstangen, et surtout les goulets au nord et au sud de l’île Akseløya, sont connus pour leurs puissants courants de marée. La navigation s’opère à vue, le relief offrant des repères fiables. L’emploi du compas est nécessaire en cas de brouillard, consécutif à une condensation de l’air chauffé par le soleil au contact de l’eau glacée.
Pour un voilier, le Spitzberg n’est pas agréable à naviguer. Les vents sont irréguliers, tantôt excessifs, tantôt absents. Le recours au moteur est presque toujours nécessaire à l’intérieur des fjords. Toutes les côtes exposées à la mer du Groenland sont truffées de hauts fonds ; les caps doivent être doublés par le large pour la même raison. Les glaces, sauf très tôt en saison, ne représentent pas une gêne majeure, encore moins un danger car elles sont relativement peu abondantes et de taille modeste. Quant aux mouillages, ils sont généralement bons dans les fjords. Il faut se méfier du détroit de Sarstangen à cause de ses banquises tardives (jusqu’à mi-juillet) et de ses faibles fonds.
Transports et réglementation
Il est interdit d’abandonner des détritus, de déranger les animaux ou de cueillir des plantes. Le camping sauvage est autorisé partout sauf à proximité des localités, à moins de cent mètres d’un vestige culturel (ossements, croix, sépulture, etc.) et sur l’île Ossian Sars, en baie du Roi. Il est défendu de débarquer sur les îlots classés « réserves ornithologiques » ainsi que sur Prins Karls Forland. L’île de Moffen ne doit pas être approchée à moins de trois cents mètres. Un randonneur qui s’écarte de la région d’Isfjord, a fortiori s’il pénètre dans un parc national ou une réserve naturelle, doit déclarer son parcours au préfet du Spitzberg – Sysselmannen på Svalbard – et souscrire une assurance qui couvrira les frais d’une éventuelle recherche. Il est vivement recommandé d’emporter une balise de détresse ou tout autre appareil de communication. Le port du fusil – calibre 7,62 ou calibre 12 minimum – est obligatoire en tout lieu et en tout temps, excepté en ville où les armes doivent être déchargées. Il est possible de louer le fusil sur place. Un ours ne peut être tué qu’en situation de légitime défense ; si le cas se présente, la police réalise une enquête pour vérifier qu’il n’y a pas eu abus. Toute infraction à la loi est passible de lourdes amendes.
Partir de son propre chef nécessite une solide expérience de la randonnée. Les marcheurs sont désavantagés car seule la partie centrale de l’île est praticable ; randonner à skis sur les glaciers est envisageable jusqu’en juillet. L’essentiel des attraits – faune, flore, glaces dérivantes – se concentre le long des côtes, d’où l’avantage de recourir à une embarcation. Pour une première incursion au Spitzberg, mieux vaut s’adresser à une agence de voyages spécialisée.
Par Emmanuel Hussenet
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La tenue du kayakiste inclut des bottes, des sous-vêtements chauds, des gants, un chandail en fibre polaire, une cagoule et surtout une combinaison sèche. Cette dernière, grâce à ses manchons en latex, est étanche même en cas d’immersion. Le matériel de sécurité comprend les traditionnels feux à main et miroir de signalisation, une pompe à eau, une trousse de réparation, un compas, une pharmacie et une balise de détresse. Avec un kayak lourdement chargé l’esquimautage est souvent impraticable : en cas de chavirage, le kayakiste doit s’extraire de son embarcation et attendre l’aide d’un équipier.
Navigation
L’obstacle principal à la navigation en kayak demeure le vent, qu’il soit d’origine dépressionnaire, auquel cas il vient de l’ouest ou du nord-est, ou d’origine thermique, quand il souffle des glaciers vers le large. Ces vents thermiques, appelés aussi catabatiques, atteignent couramment 6 sur l’échelle de Beaufort et peuvent interdire la traversée d’un fjord plusieurs jours durant, tant qu’une couche nuageuse ne viendra pas s’intercaler entre le soleil et la mer qu’il réchauffe. Les fjords du centre du Spitzberg sont de véritables couloirs pour les vents locaux. Les passages dépressionnaires peuvent se succéder rapidement, l’état du ciel changer du tout au tout d’un jour à l’autre mais, généralement, l’observer suffit pour déterminer si la navigation prévue risque ou non d’être compromise. Tenir compte du relief est déterminant, les fjords et les montagnes pouvant constituer d’excellents abris. La côte ouest du Spitzberg, truffée de rochers et exposée à la houle du large, est la plus périlleuse. Des criques glaciaires forment parfois un port naturel, mais leur accès peut être dangereux en cas de mauvais temps, par suite des moraines affleurantes.
Les indications barométriques doivent être interprétées avec prudence. Un blizzard estival et des vents de 100 km/h peuvent persister trois jours avec un baromètre verrouillé sur 1 021 millibars. Inversement, une chute spectaculaire de la pression à 985 millibars s’accompagnera d’un temps serein. Le marnage est de l’ordre d’un à deux mètres. Les marées sont rarement à prendre en compte dans une navigation en kayak, les courants associés n’atteignant pas la vitesse d’un nœud. Cependant, le détroit entre Prins Karls Forland et la péninsule de Sarstangen, et surtout les goulets au nord et au sud de l’île Akseløya, sont connus pour leurs puissants courants de marée. La navigation s’opère à vue, le relief offrant des repères fiables. L’emploi du compas est nécessaire en cas de brouillard, consécutif à une condensation de l’air chauffé par le soleil au contact de l’eau glacée.
Pour un voilier, le Spitzberg n’est pas agréable à naviguer. Les vents sont irréguliers, tantôt excessifs, tantôt absents. Le recours au moteur est presque toujours nécessaire à l’intérieur des fjords. Toutes les côtes exposées à la mer du Groenland sont truffées de hauts fonds ; les caps doivent être doublés par le large pour la même raison. Les glaces, sauf très tôt en saison, ne représentent pas une gêne majeure, encore moins un danger car elles sont relativement peu abondantes et de taille modeste. Quant aux mouillages, ils sont généralement bons dans les fjords. Il faut se méfier du détroit de Sarstangen à cause de ses banquises tardives (jusqu’à mi-juillet) et de ses faibles fonds.
Transports et réglementation
Il est interdit d’abandonner des détritus, de déranger les animaux ou de cueillir des plantes. Le camping sauvage est autorisé partout sauf à proximité des localités, à moins de cent mètres d’un vestige culturel (ossements, croix, sépulture, etc.) et sur l’île Ossian Sars, en baie du Roi. Il est défendu de débarquer sur les îlots classés « réserves ornithologiques » ainsi que sur Prins Karls Forland. L’île de Moffen ne doit pas être approchée à moins de trois cents mètres. Un randonneur qui s’écarte de la région d’Isfjord, a fortiori s’il pénètre dans un parc national ou une réserve naturelle, doit déclarer son parcours au préfet du Spitzberg – Sysselmannen på Svalbard – et souscrire une assurance qui couvrira les frais d’une éventuelle recherche. Il est vivement recommandé d’emporter une balise de détresse ou tout autre appareil de communication. Le port du fusil – calibre 7,62 ou calibre 12 minimum – est obligatoire en tout lieu et en tout temps, excepté en ville où les armes doivent être déchargées. Il est possible de louer le fusil sur place. Un ours ne peut être tué qu’en situation de légitime défense ; si le cas se présente, la police réalise une enquête pour vérifier qu’il n’y a pas eu abus. Toute infraction à la loi est passible de lourdes amendes.
Partir de son propre chef nécessite une solide expérience de la randonnée. Les marcheurs sont désavantagés car seule la partie centrale de l’île est praticable ; randonner à skis sur les glaciers est envisageable jusqu’en juillet. L’essentiel des attraits – faune, flore, glaces dérivantes – se concentre le long des côtes, d’où l’avantage de recourir à une embarcation. Pour une première incursion au Spitzberg, mieux vaut s’adresser à une agence de voyages spécialisée.
Par Emmanuel Hussenet
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