Ours blanc



Ursus maritimus, appelé aussi ours polaire, est le prédateur par excellence. Son image est utilisée à des fins publicitaires dans le monde entier, et nombre d’administrations locales et de sociétés ayant trait à l’Arctique l’ont choisi pour emblème. Depuis 1973, l’ours blanc jouit d’une vraie protection au Svalbard. Ses effets n’ont pas tardé à se faire sentir : on estime à cinq mille le nombre d’individus fréquentant une zone qui inclut la terre de François-Joseph. L’hiver, quand toutes les îles sont reliées par la banquise, l’ours migre indifféremment d’un secteur à l’autre.
Au cours de la saison froide, l’ours est commun dans tout le Spitzberg, en particulier au sud et à Hornsund qui tient lieu de route de migration. C’est durant cette période que les rencontres sont les plus fréquentes, l’animal n’hésitant pas à visiter un campement quand ses habitants sont endormis, à éventrer les sacs de nourriture ou même, et c’est ce que redoutaient les trappeurs, à défoncer la porte d’une cabane puis à en dévaster l’intérieur. En été, les ours se déplacent vers la côte orientale pour suivre la banquise qui a disparu à l’ouest. Néanmoins, des retardataires peuvent encore être observés dans Isfjord, en baie du Roi ou en baie de la Madeleine au mois de juillet, voire en août. D’où cette vigilance que la police recommande en tout lieu. Les jeunes qui ont été récemment rejetés par leur mère et ne savent pas encore se nourrir sont les plus dangereux.
L’ours blanc n’hiberne pas, car l’hiver est pour lui la saison la plus favorable pour la chasse. Il ne peut attraper un phoque que s’il bénéficie de l’appui solide de la banquise, ou s’il le surprend après une approche en apnée. Un individu rencontré au mois d’août loin de toute banquise a donc de fortes chances d’être affamé À moins qu’il ne festoie d’une carcasse de mammifère marin échouée sur une grève. L’ours polaire peut courir à une vitesse de 40 km/h, mais sur d’assez courtes distances, car il souffre rapidement d’hyperthermie. Sa fourrure est en effet si isolante que les appareils à détection infrarouge ne repèrent de l’animal que sa truffe. Excellent nageur, l’ours peut traverser des bras de mer de plusieurs dizaines de kilomètres de large ; il sait aussi plonger afin de surprendre sa proie. À la fin de novembre, la femelle, qui mettra bas au cours de l’hiver, creuse une tanière dans une pente enneigée. Les petits, un ou deux, voire trois par portée, en sortent au mois d’avril et suivent pendant plus de deux années leur mère qui les protégera des mâles solitaires, leurs principaux prédateurs.

Par Emmanuel Hussenet
Texte extrait du livre : Spitzberg, Visions d’un baladin des glaces
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