L’avifaune des îles subantarctiques
Les cormorans
À Kerguelen, les cormorans sont visibles sur l’ensemble des côtes. Il s’agit essentiellement du cormoran de Kerguelen, Phalacrocorax atriceps verrucosus. Espèce sédentaire côtière, le cormoran vit en colonies composées de quelques individus ou de plusieurs centaines. Ils utilisent parfois le même site de nidification que les gorfous sauteurs et se mêlent à eux dans les éboulis du littoral. À la saison des amours, cet oiseau au plumage blanc sur le ventre et bleu sombre sur le dos se pare de caroncules orange sur le bec et d’un anneau bleu autour de l’œil. La crête de plumes située sur sa tête se redresse aussi. La parade amoureuse consiste en entrelacements de cous, en courbettes face à face. La ponte de trois œufs a lieu entre la mi-novembre et le début janvier, l’envol des poussins s’effectuant entre la fin février et le début mars. D’autres sous-espèces, surnommées cormorans aux yeux bleus, nichent sur les autres îles Subantarctiques.
Les cormorans se nourrissent en plongée. À l’inverse des autres oiseaux plongeurs tels les manchots et certains pétrels, le cormoran nage très vite en palmant des pattes et en ondulant du corps. Sa nourriture est constituée de poissons, d’oursins et de vers.
Les gorfous
Deux espèces de gorfous se reproduisent sur les îles Subantarctiques visitées : les gorfous sauteurs (Eudyptes chrysocome) et les gorfous dorés (Eudyptes chrysolophus). Le gorfou sauteur, plus petit, possède des aigrettes jaune pâle dressées sur la tête, tandis que le gorfou doré présente des aigrettes jaune or plaquées sur l’arrière de sa tête.
Le gorfou sauteur niche dans les éboulis de rochers en bordure de mer. Ses colonies sont dispersées et regroupent quelques centaines ou milliers d’individus. Les nids sont souvent camouflés dans des anfractuosités. Deux œufs sont pondus mais, l’un des poussins étant plus faible que l’autre, le taux de mortalité des petits est de 65 %. Les colonies de gorfous dorés regroupent parfois plusieurs centaines de milliers d’oiseaux. Le premier œuf pondu est toujours stérile. Chaque couple n’élève qu’un seul poussin par an.
Les deux espèces sont présentes sur les sites de reproduction durant six à huit mois. Au cours de l’hiver, les gorfous restent en mer. La nourriture de ces deux espèces est similaire et constituée de crustacés planctoniques, de poissons et de céphalopodes. Le gorfou sauteur a une préférence pour les céphalopodes tandis que le gorfou doré consomme davantage de poissons.
Les albatros
Les albatros vivent là où les terres émergées sont rares et où sont épars les céphalopodes, les crustacés, les poissons et les charognes dont ils se nourrissent. Aussi ont-ils développé une exceptionnelle adaptation à leur milieu. Pour franchir sans effort des centaines de kilomètres en vol plané, ils disposent d’une couche de tendons maintenant leurs ailes bloquées et utilisent à merveille les courants ascendants provoqués par la houle. De la sorte, ils peuvent parcourir mille kilomètres en un jour et ne perdre qu’un pour cent de leur poids. Ce dernier varie de 2,5 à 10 kilogrammes d’une espèce à l’autre. L’envergure, elle, s’échelonne entre 2 et 3,5 mètres.
Chez la plupart des espèces, les jeunes passent en moyenne huit années en mer avant de se reproduire : l’albatros étant plus menacé à terre, ce délai permet de conserver des individus au loin, en cas de catastrophe ou d’extermination sur les lieux de nidification. Puis les jeunes adultes reviennent à leur île natale et restent fidèles à leur partenaire durant les cinquante à quatre-vingts années de leur vie, dont les neuf dixièmes se passent en mer. Le grand albatros est la plus grande des dix espèces subantarctiques. En décembre, il pond un seul œuf qui éclôt en mars et dont le poussin s’envole en décembre suivant. Seulement dix pour cent des œufs pondus donneront un juvénile apte à l’envol.
Les chionis
Deux espèces de chionis colonisent les îles australes. Le Chionis alba, qui niche en péninsule Antarctique, hiverne aux Malouines ou en Terre de Feu. Celui de Géorgie du Sud est sédentaire. Le Chionis minor, lui, est exclusivement sédentaire. C’est le seul oiseau aux pattes non palmées des îles australes de l’océan Indien.
Le comportement des deux espèces est similaire. Le chionis niche à l’abri des rochers, des épaves, ou peut occuper des terriers. Il se nourrit en picorant dans les algues au jusant. Opportuniste, il profite souvent de l’inadvertance des manchots pour gober un œuf. Avec un congénère, il peut même en provoquer un pour lui faire quitter sa couvée, l’autre récupérant alors le butin. Toujours à deux, ils peuvent tenter de déséquilibrer un poussin juste nourri pour récupérer ce qu’il régurgitera. Lors de l’allaitement des éléphants de mer, les chionis grappillent les gouttes de lait qui perlent aux tétines des femelles ou coulent de la gueule des jeunes. Il est curieux de se trouver face à une vingtaine de chionis : tel des unijambistes, ces oiseaux sont habitués à se tenir sur une patte, l’autre étant repliée sous leur plumage, et se déplacent parfois ainsi.
Par Patrick Fradin & Christophe Houdaille
Texte extrait du livre : Îles des Quarantièmes, Visions de navigateurs au long cours
En savoir davantage sur : Patrick Fradin & Christophe Houdaille
À Kerguelen, les cormorans sont visibles sur l’ensemble des côtes. Il s’agit essentiellement du cormoran de Kerguelen, Phalacrocorax atriceps verrucosus. Espèce sédentaire côtière, le cormoran vit en colonies composées de quelques individus ou de plusieurs centaines. Ils utilisent parfois le même site de nidification que les gorfous sauteurs et se mêlent à eux dans les éboulis du littoral. À la saison des amours, cet oiseau au plumage blanc sur le ventre et bleu sombre sur le dos se pare de caroncules orange sur le bec et d’un anneau bleu autour de l’œil. La crête de plumes située sur sa tête se redresse aussi. La parade amoureuse consiste en entrelacements de cous, en courbettes face à face. La ponte de trois œufs a lieu entre la mi-novembre et le début janvier, l’envol des poussins s’effectuant entre la fin février et le début mars. D’autres sous-espèces, surnommées cormorans aux yeux bleus, nichent sur les autres îles Subantarctiques.
Les cormorans se nourrissent en plongée. À l’inverse des autres oiseaux plongeurs tels les manchots et certains pétrels, le cormoran nage très vite en palmant des pattes et en ondulant du corps. Sa nourriture est constituée de poissons, d’oursins et de vers.
Les gorfous
Deux espèces de gorfous se reproduisent sur les îles Subantarctiques visitées : les gorfous sauteurs (Eudyptes chrysocome) et les gorfous dorés (Eudyptes chrysolophus). Le gorfou sauteur, plus petit, possède des aigrettes jaune pâle dressées sur la tête, tandis que le gorfou doré présente des aigrettes jaune or plaquées sur l’arrière de sa tête.
Le gorfou sauteur niche dans les éboulis de rochers en bordure de mer. Ses colonies sont dispersées et regroupent quelques centaines ou milliers d’individus. Les nids sont souvent camouflés dans des anfractuosités. Deux œufs sont pondus mais, l’un des poussins étant plus faible que l’autre, le taux de mortalité des petits est de 65 %. Les colonies de gorfous dorés regroupent parfois plusieurs centaines de milliers d’oiseaux. Le premier œuf pondu est toujours stérile. Chaque couple n’élève qu’un seul poussin par an.
Les deux espèces sont présentes sur les sites de reproduction durant six à huit mois. Au cours de l’hiver, les gorfous restent en mer. La nourriture de ces deux espèces est similaire et constituée de crustacés planctoniques, de poissons et de céphalopodes. Le gorfou sauteur a une préférence pour les céphalopodes tandis que le gorfou doré consomme davantage de poissons.
Les albatros
Les albatros vivent là où les terres émergées sont rares et où sont épars les céphalopodes, les crustacés, les poissons et les charognes dont ils se nourrissent. Aussi ont-ils développé une exceptionnelle adaptation à leur milieu. Pour franchir sans effort des centaines de kilomètres en vol plané, ils disposent d’une couche de tendons maintenant leurs ailes bloquées et utilisent à merveille les courants ascendants provoqués par la houle. De la sorte, ils peuvent parcourir mille kilomètres en un jour et ne perdre qu’un pour cent de leur poids. Ce dernier varie de 2,5 à 10 kilogrammes d’une espèce à l’autre. L’envergure, elle, s’échelonne entre 2 et 3,5 mètres.
Chez la plupart des espèces, les jeunes passent en moyenne huit années en mer avant de se reproduire : l’albatros étant plus menacé à terre, ce délai permet de conserver des individus au loin, en cas de catastrophe ou d’extermination sur les lieux de nidification. Puis les jeunes adultes reviennent à leur île natale et restent fidèles à leur partenaire durant les cinquante à quatre-vingts années de leur vie, dont les neuf dixièmes se passent en mer. Le grand albatros est la plus grande des dix espèces subantarctiques. En décembre, il pond un seul œuf qui éclôt en mars et dont le poussin s’envole en décembre suivant. Seulement dix pour cent des œufs pondus donneront un juvénile apte à l’envol.
Les chionis
Deux espèces de chionis colonisent les îles australes. Le Chionis alba, qui niche en péninsule Antarctique, hiverne aux Malouines ou en Terre de Feu. Celui de Géorgie du Sud est sédentaire. Le Chionis minor, lui, est exclusivement sédentaire. C’est le seul oiseau aux pattes non palmées des îles australes de l’océan Indien.
Le comportement des deux espèces est similaire. Le chionis niche à l’abri des rochers, des épaves, ou peut occuper des terriers. Il se nourrit en picorant dans les algues au jusant. Opportuniste, il profite souvent de l’inadvertance des manchots pour gober un œuf. Avec un congénère, il peut même en provoquer un pour lui faire quitter sa couvée, l’autre récupérant alors le butin. Toujours à deux, ils peuvent tenter de déséquilibrer un poussin juste nourri pour récupérer ce qu’il régurgitera. Lors de l’allaitement des éléphants de mer, les chionis grappillent les gouttes de lait qui perlent aux tétines des femelles ou coulent de la gueule des jeunes. Il est curieux de se trouver face à une vingtaine de chionis : tel des unijambistes, ces oiseaux sont habitués à se tenir sur une patte, l’autre étant repliée sous leur plumage, et se déplacent parfois ainsi.
Par Patrick Fradin & Christophe Houdaille
Texte extrait du livre : Îles des Quarantièmes, Visions de navigateurs au long cours
En savoir davantage sur : Patrick Fradin & Christophe Houdaille