La route de Jérusalem au Moyen Âge
Pendant tout le Moyen Âge, le voyage vers les Lieux saints, dans les pas et sur le tombeau du Christ, constitua le pèlerinage par excellence, par sa longueur, ses difficultés et son sens symbolique de progression vers la Jérusalem céleste. Avec ceux de Rome et de Saint-Jacques de Compostelle, il incarna le grand élan populaire d’une foi aux convictions simples et profondes. Rapportant des palmes de Terre sainte, une coquille de Saint-Jacques ou revenant de Rome, les pèlerins constituaient presque un ordre qui rappelait au monde la nature pérégrine de la communauté chrétienne, tendue vers la communion avec Dieu. Dès le haut Moyen Âge, malgré les difficultés du voyage, de nombreux chrétiens prirent la direction de Jérusalem. Au VIIe siècle, l’invasion musulmane porta un coup dur au pèlerinage, mais celui-ci subsista car les souverains omeyyades puis abbassides ne proscrivirent pas formellement la visite des Lieux saints de la chrétienté, tout en soumettant les pèlerins à des persécutions sporadiques et des vexations fréquentes. La destruction du Saint-Sépulcre en 1009 par le calife Al-Hakim ne tarit pas le flot qui ne cessa de se renforcer au cours du XIe siècle et connut un nouvel essor dès l’avènement du royaume latin de Jérusalem.
Une pratique organisée et codifiée
Si le pèlerinage est à l’origine un phénomène spontané, cette manifestation de masse fut rapidement organisée et réglementée. Tout d’abord par le pèlerin qui, en se distinguant par ses insignes ou son costume (bourdon, besace, grande cape, chapeau portant l’insigne de sa destination), en appelle à la protection et à la considération. Ensuite, par l’autorité judiciaire qui adopte le « saint voyage » comme sanction possible. Par l’Église enfin qui, à travers les ordres religieux et militaires, multiplie les fondations d’hospices, fixant ainsi les grandes routes et attirant des cortèges de pèlerins. La papauté favorise aussi le développement de cette pratique en accordant des indulgences partielles ou plénières.
À l’époque carolingienne, une protection juridique spécifique se met en place. Le pèlerin est protégé dans sa personne : celui qui le tue ou le détrousse est plus sévèrement puni qu’un criminel de droit commun. Il est aussi exempté de taxes et de péages. Enfin, la protection s’étend à ses biens et à sa famille durant son absence.
Les trois itinéraires
Aux XIIe et XIIIe siècles, pour parvenir en Orient, les pèlerins de l’Europe occidentale avaient le choix entre trois itinéraires : le premier terrestre, le deuxième partiellement terrestre et maritime et le troisième entièrement maritime. La route la plus longue mais aussi la plus sûre traversait l’Anatolie occidentale puis méridionale pour rejoindre la principauté chrétienne d’Antioche et enfin Jérusalem. L’itinéraire le plus fréquenté était terrestre jusqu’aux grands ports méditerranéens comme Marseille, Gênes, Pise, Venise, Bari et Brindisi, puis maritime au-delà . À partir du XIIIe siècle, les pèlerins trouvaient des intermédiaires pour les accueillir et les mettre en rapport avec les patrons des nefs ou des galères qui pouvaient transporter chacune plusieurs dizaines de passagers. Le voyage n’avait lieu qu’aux beaux jours, entre le début de mars et la fin de septembre. Si les vents étaient favorables, le trajet ne durait qu’un mois. La troisième voie, entièrement maritime, concernait surtout les pèlerins des pays du nord de l’Europe qui gagnaient la Méditerranée via le détroit de Gibraltar.
Par François-Xavier de Villemagne
Texte extrait du livre : Pèlerin d’Orient, À pied jusqu’à Jérusalem
En savoir davantage sur : François-Xavier de Villemagne
Une pratique organisée et codifiée
Si le pèlerinage est à l’origine un phénomène spontané, cette manifestation de masse fut rapidement organisée et réglementée. Tout d’abord par le pèlerin qui, en se distinguant par ses insignes ou son costume (bourdon, besace, grande cape, chapeau portant l’insigne de sa destination), en appelle à la protection et à la considération. Ensuite, par l’autorité judiciaire qui adopte le « saint voyage » comme sanction possible. Par l’Église enfin qui, à travers les ordres religieux et militaires, multiplie les fondations d’hospices, fixant ainsi les grandes routes et attirant des cortèges de pèlerins. La papauté favorise aussi le développement de cette pratique en accordant des indulgences partielles ou plénières.
À l’époque carolingienne, une protection juridique spécifique se met en place. Le pèlerin est protégé dans sa personne : celui qui le tue ou le détrousse est plus sévèrement puni qu’un criminel de droit commun. Il est aussi exempté de taxes et de péages. Enfin, la protection s’étend à ses biens et à sa famille durant son absence.
Les trois itinéraires
Aux XIIe et XIIIe siècles, pour parvenir en Orient, les pèlerins de l’Europe occidentale avaient le choix entre trois itinéraires : le premier terrestre, le deuxième partiellement terrestre et maritime et le troisième entièrement maritime. La route la plus longue mais aussi la plus sûre traversait l’Anatolie occidentale puis méridionale pour rejoindre la principauté chrétienne d’Antioche et enfin Jérusalem. L’itinéraire le plus fréquenté était terrestre jusqu’aux grands ports méditerranéens comme Marseille, Gênes, Pise, Venise, Bari et Brindisi, puis maritime au-delà . À partir du XIIIe siècle, les pèlerins trouvaient des intermédiaires pour les accueillir et les mettre en rapport avec les patrons des nefs ou des galères qui pouvaient transporter chacune plusieurs dizaines de passagers. Le voyage n’avait lieu qu’aux beaux jours, entre le début de mars et la fin de septembre. Si les vents étaient favorables, le trajet ne durait qu’un mois. La troisième voie, entièrement maritime, concernait surtout les pèlerins des pays du nord de l’Europe qui gagnaient la Méditerranée via le détroit de Gibraltar.
Par François-Xavier de Villemagne
Texte extrait du livre : Pèlerin d’Orient, À pied jusqu’à Jérusalem
En savoir davantage sur : François-Xavier de Villemagne