Marc Terrisse

São João dos Angolares :

« À quelques pas de l’église, nous entrons dans une baraque mal fichue, la façade pleine de lézardes, véritables balafres qui laissent penser que l’habitation risque tôt ou tard de s’écrouler. À l’intérieur, je découvre une caverne d’Ali Baba où les tableaux aux tons vifs et colorés du maître tapissent les murs et le plafond. Des scènes de vie santoméennes, des danses, beaucoup de tchiloli mais aussi des sujets surréalistes ou naïfs se mêlent dans ce musée en devenir. Je m’arrête devant les masques aux teintes arlequin et examine des danseuses à la morphologie épurées, capturées dans leurs mouvements élastiques. Je m’enfonce dans d’autres sujets explicités par ces huiles. La magie de la délectation opère, sortilège esthétique, relâchement érudit. J’accède au nirvana, mes traits miment l’extase, le bonheur, quand un garçon dont je n’avais pas remarqué la présence sort de l’ombre. Ce jeune homme à la corpulence frêle, antithèse de Nezó, me salue d’un signe de tête. Ses yeux d’un noir profond, ses quelques taches de rousseur autour du nez, ses sourcils que l’on croirait peints me semblent familiers. Son visage juvénile ressemble à s’y méprendre à des photos que j’ai pu observer, à celui d’une personne dont je ne saurais donner l’identité. »