Kora Gorum – corridor du Wakhan (Afghanistan)
Année 2011
© Lou Nodet
Née à Grenoble en 1976 de parents montpelliérains convertis à la montagne, Mariette Bertrand grandit avec ses quatre frères et sœurs au rythme des randonnées en Belledonne et en Chartreuse. Elle découvre très tôt le goût de l’effort et de la nature, ainsi que les joies de la cordée, en famille mais aussi à travers le scoutisme. Après deux années de classe préparatoire littéraire, elle se passionne pour l’histoire et continue ses études dans cette voie à l’université de Grenoble. Son envie d’ailleurs, sous-jacente depuis l’adolescence, la pousse à mener ses recherches de maîtrise et de DEA en Norvège durant deux années. Elle se spécialise sur le voyage des Européens naturalistes du XVIIIe siècle en Norvège et en Suède.
Outre ses recherches à Oslo et Trondheim, Mariette Bertrand en profite pour devenir bilingue en norvégien, pour parfaire sa technique du ski de télémark qu’elle pratique en compétition et pour s’investir dans les clubs étudiants d’escalade et de course d’orientation. En 2000, elle débute une collaboration avec la revue L’Alpe (coéditée par le musée Dauphinois et Glénat), en publiant ? L’alpe du Septentrion ». Après le DEA, son entrée dans l’équipe de France de télémark l’entraîne à abandonner ses projets de thèse, aussi fait-elle le choix de s’installer à Chamonix pour vivre cette passion durant deux années. Elle collabore alors avec Ski français et Ski Magazine en parallèle de sa vie de compétitrice internationale. C’est par ce biais qu’elle entre chez Glénat Presse, basée à Grenoble, en tant que secrétaire de rédaction pour la revue Aérial et pigiste pour les revues Alpi Rando et Vertical. Elle y travaille quatre années, et c’est là qu’elle rencontre Philippe Nodet, parapentiste et journaliste. Avec lui, elle s’initie au parapente et effectue un vol bivouac au Kirghizistan en 2003, découvrant l’expérience de l’itinérance aérienne en biplace.
Dès la naissance de leur fille Lou en 2004, Mariette Nodet décide de présenter le concours de professeur des écoles, et enseigne depuis en Isère, à Saint-Hilaire du Touvet. Ce nouveau choix professionnel correspond à son amour de la transmission ; elle voit son enseignement auprès des enfants comme une mission et s’intéresse de très près aux pédagogies alternatives qui développent la connaissance et l’estime de soi, ainsi que le respect pour la nature : pédagogie coopérative développée à l’école du Colibri au centre des Amanins, ou encore celles de Steiner ou Montessori?
Suite à l’accident mortel de Philippe en janvier 2009, Mariette Nodet publie en autoédition Envolées belles, un livre qui regroupe tous les écrits de son époux sur le vol bivouac en parapente. Elle s’attache surtout à poursuivre la voie qu’ils s’étaient tracée pour leur famille, et emmène Lou en solitaire dans des voyages au long cours où toutes deux expérimentent la richesse de la rencontre humaine, la joie du dénuement et la liberté dans l’itinérance : six mois au Népal dont deux de marche dans le Haut-Dolpo en 2010, deux mois à cheval dans le corridor du Wakhan afghan en 2011, deux mois sur un bateau le long des côtes du Groenland en 2012, deux mois en Norvège en 2013, deux mois aux États-Unis en 2014, la traversée des Alpes en 2017, celle du Ladakh en 2018 et une itinérance sud-nord à pied en Écosse en 2019? ainsi que quelques milliers de kilomètres à vélo à travers l’Europe. Cela lui laisse juste assez de temps pour lire beaucoup, écrire ou dessiner, courir la montagne à pied ou à ski, et rêver au prochain départ.
En parallèle de son métier de professeur des écoles, Mariette Nodet publie La Traverse avec le dessinateur Edmond Baudoin (L’Association, 2019) qui relate son rapport à la montagne et sa marche au Ladakh, puis Solveig (Mosquito, 2020), un album pour enfants qui parle de la transparence.
En 2020, Mariette Nodet quitte l’enseignement pour devenir boulangère dans une boulangerie coopérative bio de Grenoble. Elle travaille le pain au levain avec des farines locales, et pratique la gouvernance partagée avec les autres associés au sein de la SCOP. Cette nouvelle phase de vie ne l’empêche pas de prendre plusieurs mois pour traverser l’Atlantique à la voile en 2022 ou de continuer ses itinérances en solitaire dans les montagnes de Norvège, qu’elle retrouve le plus régulièrement possible.