Au bord du lac Khyargas – province de l’Uvs (Mongolie)
Année 2007
© Naraa Dash
Née à Malchin, en Mongolie, en 1971, Naraa Dash est la septième d’une fratrie de huit enfants. Elle n’a pas 6 ans quand, en 1977, ses six frères, sa sœur et elle perdent leur mère. Bien que son prénom – Narantsetseg en réalité – signifie ? tournesol », son village, lui, dont le nom signifie ? éleveur », est isolé dans les montagnes de l’Ouest à proximité du lieu le plus froid du pays. Les steppes d’altitude et les dépressions désertiques qui le cernent sont peuplées de pasteurs nomades, qui font vivre la province de l’Uvs. Malchin est pour ainsi dire représentatif de la Mongolie profonde, de ce que les Russes nomment glubinka, un trou. C’est justement depuis la Russie voisine que, dès 1921, s’y est répandue l’idéologie communiste ; trois ans plus tard, la Mongolie devient le premier pays satellite de l’URSS. Pour participer à la construction du socialisme à la soviétique, Malchin accueille une coopérative – un kolhoze –, dont le père de Naraa est l’un des chauffeurs. Quoique veuf et de condition modeste, il incite sa fille à se libérer du carcan des habitudes locales et à suivre des études pour inventer sa propre voie. Brave et clairvoyant, il s’évertue à lui insuffler les valeurs de générosité et de pugnacité qui continuent de la guider. En chemin, elle ignore les moqueries quant à sa petite taille, à son accent qui rappelle ses origines ; elle ignore ceux qui ne la voient qu’à travers le métier dévalorisé de son père. Énergique et audacieuse, la jeune femme tape à toutes les portes. Celles de l’Occident s’ouvrent à elle par le biais d’un voyage linguistique, qu’elle met à profit pour tisser des liens en France où, depuis, elle retourne presque chaque année afin de se former, de visiter ses amis et la famille de son mari Patrice, et de monter ses projets.
Naraa Dash gère l’agence de voyages Tenger Ekh et développe Comm & Coach pour conseiller les hommes politiques et les entrepreneurs mongols. Elle a aussi créé l’ONG Sentier d’action, qui œuvre à Malchin. Interprète officielle, elle donne régulièrement des conférences en France et organise des stages. Elle a joué son propre rôle au côté de Cécile de France dans le film de Fabienne Berthaud Un monde plus grand (2019), adapté de Mon initiation chez les chamanes, Une Parisienne en Mongolie, de Corine Sombrun, dont elle est par ailleurs la guide. Elle dirige par ailleurs les salons de thé La Parisienne à Oulan-Bator.