Troglodytes de Quera – province de Jujuy (Argentine)
Année 2000
© AnalÃa Rondón
Né à Nice en 1963, le passionné des Andes qu’est Rémy Rasse n’a de cesse de renouveler son approche de la Cordillère. Son épouse AnalÃa Rondón, native de la région argentine de Jujuy limitrophe de la Bolivie, cinéaste de métier, l’a aidé à connaître de l’intérieur les montagnes et leurs habitants. Au travers de son objectif photographique, elle saisit les scènes et les panoramas face auxquels il peint sur le vif à l’aquarelle, l’huile, la gouache ou le pastel.
Comme la photographe, Rémy Rasse traque les instants, recherche les couleurs, puis il remodèle les montagnes du bout de son pinceau, donne par son pastel de la profondeur aux pierreuses étendues d’altitude, ou dessine à l’encre de Chine son paysage mental. Loin d’être figées, ces parcelles de la cordillère des Andes reprennent vie. Ainsi, sur le papier, le lac Titicaca ne perd rien de son scintillement ni de sa houle, le volcan Granada de sa menace, le Machu Picchu de son mystère. Détailler les œuvres du peintre, l’avoir vu travailler, assis en tailleur face au littoral du Pacifique ou aux plateaux péruviens, c’est déjà comprendre un peu les mystères du sous-continent américain. Mais il faut l’avoir vu communiquer son goût artistique avec les enfants des villages reculés de la Puna ou honorer la Pachamama pour partager sa vision de peintre itinérant.
Adolescent, issu d’une famille de viticulteurs de treize enfants, Rémy Rasse a voyagé à vélo à travers les Alpes françaises et italiennes, et effectué en 1984 un séjour d’étude du monde rural en Algérie et dans le Rif marocain, dans le cadre d’une licence d’aménagement du territoire. En 1990, son diplôme des Beaux-Arts de Lyon en poche, il a mené une expédition à cheval avec son atelier de peinture sur 3 000 km au Chili. Deux ans plus tard, c’est en Argentine qu’il a guidé ses chevaux, sur 2 000 km cette fois. Depuis 1993 et sa rencontre avec AnalÃa Rondón, il s’attelle, six mois par an, à rencontrer les populations amérindiennes, colla, mapuche, quechua, en se déplaçant à cheval, à dos d’âne ou de lama, à pied, en train.
Élève du peintre Wolf Hildebrandt, formé à l’école du Bauhaus, Rémy Rasse a organisé à Montreuil des ateliers ? Art-Nature » destinés à accueillir les enfants des cités défavorisées, réalisé un projet humanitaire au profit des enfants et paysans de la Puna argentine, et créé l’association Wayra destinée à promouvoir la réalisation et la diffusion de documentaires sur la culture andine. Il a participé à de nombreuses expositions en France, en Allemagne et en Argentine, afin de mieux faire connaître la culture des peuples andins, et a écrit pour plusieurs supports de presse : L’Étudiant, Cheval-Magazine, Femina, Globe-Trotter Magazine, Côté Sud, ainsi que pour la revue Chemins d’étoiles. Il a participé à des émissions sur RMC, France Inter et Europe 1.
Fidèles à Saint-Jeannet, dans l’arrière-pays niçois, Rémy Rasse et AnalÃa Rondón assurent chaque année une production maraîchère biologique et les vendanges, et développent un concept d’? Art au vignoble ». Ils se sont parallèlement établis dans une finca de la Quebrada de Humahuaca, à hauteur du tropique du Capricorne. Là, face à leur atelier, ils ont bâti des chambres d’hôtes et espèrent faire pousser et prospérer un des plus hauts vignobles du monde et, forts de leurs liens avec les artistes de la région, qu’ils soient musiciens, peintres ou poètes, envisagent d’établir un centre culturel sous le tropique en face de la Panaméricaine.
Vingt mille Français par an visitant désormais la province de Jujuy, Rémy Rasse est depuis 2011 consul honoraire de France à San Salvador