Passage du Nord-Ouest (océan Glacial Arctique)
Année 1999
© Olivier Pitras
Né à Villeneuve-lès-Avignon en 1960, Olivier Pitras sut dès l’adolescence que la passion de la voile guiderait sa vie. À 18 ans, un programme intensif de navigation le contraint à décrocher son baccalauréat en candidat libre. Attiré par les grands espaces, il quitte la France à 23 ans, après avoir obtenu ses diplômes d’éducateur sportif et de guide en haute mer tandis qu’il suivait des cours d’architecture navale et un cycle d’études à l’Institut nautique et océanographique.
L’Amazonie est sa première grande aventure. Il prend le temps de la découvrir en trimaran et en kayak : l’? Enfer vert », le mal nommé, est pour lui un terrain de prédilection où il achète son premier bateau de voyage. Pour ce faire, il raccroche pendant deux ans, à Kourou, en Guyane, sa casquette de capitaine pour coiffer celle d’homme d’affaires, et cela lui réussit : il redresse trois sociétés en difficulté financière. Pendant cette période, il emploie tous ses loisirs à observer les derniers caïmans noirs des marais de Kaw, à arpenter la jungle ou à remonter les grands fleuves en pirogue à la rencontre des Amérindiens.
Le monde des affaires ne détourne pas pour autant Olivier Pitras de ses objectifs. L’appel du large reste le plus fort. Pour essayer son nouveau bateau, il entreprend un voyage de deux ans et demi autour de l’Amérique du Sud, en compagnie de son amie. Le Pérou est le seul pays qu’ils ne visitent pas, l’Équateur les ayant retenus plus longtemps que prévu. Leur mission : longer toute la côte à la recherche d’îlots boisés susceptibles de devenir des parcs nationaux. À l’occasion de l’année qu’il consacre à explorer les canaux de la Terre de Feu et de la Patagonie ainsi que le cap Horn, il prend conscience que les étendues et les déserts glacés sont parmi les paysages qui l’inspirent le plus. Pourtant, curieusement, c’est aux îles Grenadines que, à 30 ans, Olivier Pitras établit le camp de base de ses futures expéditions : n’y séjournant que trois mois par an, il n’a dès lors de cesse de pointer l’étrave de son bateau vers les régions septentrionales. L’Alaska et la Colombie-Britannique deviennent pour plusieurs années ses terrains d’aventure privilégiés.
Le navigateur ne pouvait envisager de rejoindre la France autrement que par la mer. À 39 ans, il effectue donc son retour en Europe par le passage du Nord-Ouest, de juin à octobre 1999, devenant ainsi le premier skipper français à longer l’océan Glacial Arctique à la voile.
Depuis, il s’est installé à Tromsø, en Norvège, au nord du cercle polaire arctique. Dans le cadre de son école de croisière, 69 Nord, il emmène chaque année une dizaine d’équipiers au Spitzberg, au cap Nord ou aux îles Lofoten à bord de son voilier, le Southern Star, un sloop en aluminium de 24 mètres. Il propose également des stages mixtes ski-voile ou parapente-voile. À l’occasion de la 4e année polaire internationale, Olivier Pitras a effectué en 2008-2009 le tour de l’Amérique du Nord à la voile en vue d’inciter les États-Unis à ratifier les accords de Kyôto. Ce périple de 21 687 milles à bord d’Ocean Star a vu, en 21 étapes, se succéder une centaine d’équipiers qui, outre la navigation, se sont livrés à plus de cent interviews de spécialistes de la question du changement climatique.