NikolaĂŻ Prjevalski

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Fameux explorateur des confins mongols, mandchous et extrĂŞme-orientaux de l’Empire russe.

Retour dans l’Ala-Chan – route d’Ourga par le Gobi central :


« ArrivĂ©s sur le territoire de Khalkha, nous entrions dans le ressort administratif du Touchetou-Khan et nous poursuivions à marches forcĂ©es notre route sur Ourga, qui nous paraissait maintenant la terre promise. En effet, près de trois annĂ©es consĂ©cutives d’explorations, accompagnĂ©es de souffrances et de privations de toute espèce, avaient tellement ruinĂ© nos forces physiques et morales que l’on comprendra facilement notre vif dĂ©sir de terminer ce pĂ©nible voyage. Il faut ajouter à cela que nous traversions la rĂ©gion la plus sauvage du Gobi, oĂą l’absence d’eau, les chaleurs excessives, les tempĂŞtes effroyables Ă©taient liguĂ©es contre nous et, de jour en jour, nous enlevaient le peu qui nous restait de forces. On ne saurait croire de quelle eau nous faisions usage lorsque nous remontons au nord des monts Khourkou. Peu de temps avant notre passage, des pluies torrentielles avaient ruinĂ© les puits et formĂ© des lacs temporaires, vers lesquels ne tardèrent pas à affluer les Mongols et leurs troupeaux. Ces petits lacs n’avaient pas plus de 100 pas de diamètre avec une profondeur de 2 ou 3 pieds ; une dizaine de yourtes s’Ă©chelonnaient à l’entour. Chaque jour, on amenait de grands troupeaux qui entraient dans l’Ă©tang, troublaient l’eau et la salissaient de leurs ordures ; de plus, cette eau, chargĂ©e de sel, Ă©tait à une chaleur de 25 Â°C. Pour tout homme autre qu’un explorateur, un pareil liquide l’aurait fait reculer d’horreur ; nous Ă©tions cependant, comme les indigènes, obligĂ©s de le boire après l’avoir fait bouillir et y avoir ajoutĂ© une infusion de thĂ© en brique.
Le mirage, pareil au mauvais gĂ©nie du dĂ©sert, venait presque chaque jour nous faire illusion et nous montrer de fraĂ®ches chutes d’eau descendant des collines ou des rochers voisins. Enfin la chaleur Ă©tait atroce, et les tempĂŞtes nous privaient de tout repos, mĂŞme pendant la nuit et après les pĂ©nibles Ă©tapes de la journĂ©e.
Nous n’Ă©tions du reste pas les seuls pour lesquels le dĂ©sert mongol se montrait un hĂ´te si dur. Les oiseaux voyageurs qui arrivèrent dans les premiers jours d’aoĂ»t souffraient aussi de la faim et de la soif. Les vols d’oies et de canards s’abattaient sur les moindres flaques ; les petits oiseaux Ă©puisĂ©s se rĂ©fugiaient jusque dans notre tente et se laissaient prendre à la main. Que de fois nous rencontrâmes de ces voyageurs ailĂ©s, Ă©tendus morts sur le sable du dĂ©sert ! Il est probable que cette traversĂ©e du Gobi fait toujours beaucoup de victimes. »


Extrait de :

Voyage en Mongolie et au Tibet
(p. 427-428, TransborĂ©al, ? Le gĂ©nie des lieux Â», 2007 ;
? Voyage en poche Â», 2018)

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