Valérie François

La petite mère :

« L’obscurité n’est jamais bien épaisse au pays des nuits blanches, mais le soleil a disparu depuis longtemps lorsque notre chauffeur revient. Il remonte la roue et se met au volant. Quelques dizaines de kilomètres plus loin, il arrête la voiture sur le bas-côté, épuisé. Les nuits sont très fraîches dans la taïga. Blotties l’une contre l’autre, tentant de trouver une position un tant soit peu confortable, nous finissons par nous endormir.
Enfin à l’aube elle est là, devant nous, majestueuse, tumultueuse, immense. Elle nous nargue. Elle se fait désirer. Nous crevons pour la quatrième fois à ses pieds. Matiouchka Lena, “petite mère” Lena. Impatiente, je scrute l’autre rive du fleuve à la recherche de Iakoutsk. Grâce à Lioudmila et Valia, je suis tombée amoureuse de la Russie. Nous ne les oublierons pas même si l’aventure ne fait que commencer. »