Tian Shan (Kirghizistan)
Année 2003
© Catherine Farvacques
Introduction :
« Une secrète attraction m’a portée vers cette contrée lointaine, farouche, splendide, dont l’histoire se révèle aussi fougueuse que le galop de ses chevaux, aussi riche que la récolte de ses oasis, aussi éblouissante que ses pâturages d’altitude. Pourtant, quand en l’an 2000 j’ai commencé à m’intéresser au cheval des nomades kirghiz, tant vanté dans les épopées, les poèmes, les récits des explorateurs et les livres d’histoire, personne, en Europe, n’en avait jamais entendu parler. Et pour cause ! Un an plus tard, alors que j’arrivais à Bichkek, la capitale du Kirghizistan, j’apprenais que ce cheval avait été banni à l’époque soviétique, “amélioré” par des croisements avec des chevaux européens pour donner la race novokirghize, plus rentable dans l’industrie de la viande et sur les champs de courses. Si le petit cheval kirghiz avait encore une chance d’exister, c’était peut-être tout là-haut, dans les montagnes.
Je suis donc partie sur les pistes des monts Célestes, à sa recherche. J’ai parcouru des milliers de kilomètres, en Jeep tant que l’état des pistes le permettait, et à cheval lorsque c’était nécessaire. De bivouacs en campements nomades, j’ai chevauché les montagnes aux côtés des humbles bergers, franchi les cols titanesques pour rencontrer les derniers éleveurs de yacks, traversé les saisons et le pays pour atteindre les rares hameaux perdus dans l’hostilité du Pamir Alaï et des monts du Chatkal. J’ai ensuite fréquenté les hippodromes, les principaux élevages de chevaux de course, les haras d’État (qui ont disparu depuis)? Plus je découvrais l’univers méconnu du cheval kirghiz, plus je voulais en savoir sur son histoire, ses origines, sa place et son rôle dans la culture kirghize. Ma curiosité tournait à l’obsession. »
Terre des chevaux célestes, Kirghizistan
(p. 8 & 13, Arthaud, 2004)