Paris (France)
Année 2009
© Matthieu Raffard
Introduction :
« Je n’ai lu, à l’âge oĂą on les lit habituellement, ni Jules Verne ni Stevenson, et les cartes ne m’indiquaient que de douloureuses heures de gĂ©ographie scolaire ; il n’y a pas eu non plus d’histoires qui auraient pu me conduire à partir ni de hĂ©ros à imiter, et ce n’est que bien après, au retour souvent, que certains noms sont revenus avec une troublante insistance pour dessiner autour de moi un cercle bientĂ´t familier.
Rapidement, Raymond Depardon et Nicolas Bouvier sont devenus, non pas des modèles à suivre, mais des voix dans lesquelles j’ai reconnu un Ă©cho oĂą m’accrocher. Je n’ai lu qu’assez tard Sur la route et, pour ĂŞtre honnĂŞte, ce fut plus par obligation qu’autre chose. On ne devrait pas lire dans ces conditions : je m’ennuyai et le refermai à la page cent soixante-dix sur cette question de Kerouac restĂ©e en suspens : “Vers quel sĂ©jour diriges-tu tes pas ?” Pourtant, longtemps après, quelque chose est venu me frapper qui n’Ă©tait sans doute, à travers cette voix, qu’un rendu particulier du temps, une certaine consistance de l’air à une certaine heure du jour – et je n’en demandai pas plus. C’est ce qui m’a plu aussi je crois dans les images de Depardon, non pas le dĂ©tail exotique auquel je n’ai jamais accordĂ© beaucoup d’importance, mais une mise à disposition qui lui permettait de s’arrĂŞter par moments sur un paysage sans Ă©vidence. »
Nationale 7, Un road-trip à la française
(p. 4, Transboréal, ? La clé des champs », 2008)