
Sur le CDT – Colorado (États-Unis)
Année 2019
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Née à Saint-Germain-en-Laye en 1983, Pauline Quierzy grandit entre le Rhône, le Calvados, la Seine-Maritime et les Hautes-Pyrénées, habitée par un bestiaire fantastique. Depuis Lyon, elle découvre le ski de fond dans le Vercors, pratique douce et contemplative entre les grands sapins. Depuis Bayeux, elle sillonne les forêts domaniales de Balleroy, Verte et de Roumare où son père l’invite à se pencher sur les champignons et les fougères, et à discrètement observer cervidés et suidés. Lors des vacances d’été dans le Béarn, elle veille sur les chevaux, les moutons et les chiens, fascinée par une vue imprenable sur la chaîne des Pyrénées. Très tôt, elle parcourt ces montagnes avec ses parents et son frère, observant isards, gypaètes et pins à crochets, et goûtant au plaisir de la marche.
Diplômée de l’École vétérinaire de Toulouse en 2007, Pauline Quierzy se consacre au soin des animaux, mais surtout à l’exploration des relations que l’homme tisse avec eux. Elle exerce dans des domaines variés – de la médecine des animaux d’élevage et de compagnie à l’innovation alimentaire –, tout en parcourant le Maroc, le Mali, le Népal et l’Équateur auprès des éleveurs, chasseurs-cueilleurs et nomades caravaniers. Elle remet en question la relation aux animaux en Occident. Elle prend conscience que la santé animale est indissociable de celle de l’ensemble du vivant. Naturellement, elle se rapproche alors de la faune sauvage et comprend que sa préservation dépend étroitement de celle de ses habitats. Confrontée aux complexes enjeux de conservation dans un monde en développement, elle entreprend un master en sciences politiques de la coopération à la Sorbonne.
Pauline Quierzy mène plusieurs missions pour les Nations Unies. Basée à Rome en 2011, puis au Gabon en 2012, elle étudie l’utilisation de la faune comme ressource naturelle dans le bassin du Congo. Plus tard, en Tanzanie, elle coordonne, aux côtés d’ONG et de populations locales, le projet de restauration d’un corridor de faune destiné à relier les parcs nationaux de Manyara et Tarangire, indispensable pour l’équilibre de l’écosystème d’Afrique de l’Est (2013-2014). C’est dans un camp de safari qu’elle rencontre Frédéric Herbain, guide passionné de brousse, qui devient son compagnon. Ensemble, ils s’engagent dans la protection d’une des plus vastes aires protégées d’Afrique, la réserve du Selous (2016-2017).
Au-delà des institutions, des frontières et des cultures, Pauline Quierzy approfondit ses connaissances en multipliant les immersions dans la vie sauvage. Elle s’initie au pistage auprès des Hadzabe et des Bushmen. De l’Afrique du Sud au Rwanda, du Zimbabwe au Malawi, de la Namibie au Cameroun jusqu’au Japon, elle rencontre des acteurs de la conservation. Mais, passionnée autant par l’éléphant que par le desman, elle revient aussi aux Pyrénées, qu’elle traverse en 2015 par la Haute Route pyrénéenne (HRP).
La nuit, bercée par le rire des hyènes, Pauline Quierzy dévore les œuvres de Bouvier, Giono, London et Thoreau. Tout au long de ses voyages, elle documente ses expériences par la photographie et la prise de notes minutieuses, rédigées au coin du feu ou sous sa tente. À travers l’affût, Frédéric Herbain lui enseigne l’immobilité ; en retour, Pauline lui fait découvrir la marche au long cours (Kungsleden, GR34, Nakasendō, traversée de l’Atlas). Dans une joie sobre et complice, leur connivence grandit par l’observation attentive de l’infiniment grand comme de l’infiniment petit. En 2019, ils se lancent à pied sur le Continental Divide Trail (CDT), l’un des sentiers les plus sauvages d’Amérique du Nord et, en 2022, la Senda Pirenaica, la traversée des Pyrénées espagnoles (GR11).
En 2021, Pauline Quierzy et son compagnon posent leurs bagages dans le Val d’Azun, au cœur des Hautes-Pyrénées, et se lancent dans la rénovation de deux granges, devenues leur lieu de vie. Vous les y trouverez la nuit, scrutant salamandres ou ciel étoilé, et, le jour, veillant sur la diversité du verger, des prairies et des vieux murets, guettant le passage du renard ou du blaireau, ou suivant les isards sur les crêtes alentour. En 2024, au cœur de cet écosystème foisonnant, ils accueillent leur fille, Lune.