Halte à proximité du village d’Arco-Íris – État de Pará (Brésil).
Année 2010
© Franck Degoul
Né à Paris en 1976, Franck Degoul grandit dans la clémence sauvage des Alpes de Haute-Provence. Il effectue son premier voyage à l’âge de 6 ans, à l’occasion d’une installation familiale en Guadeloupe où il découvre les sensations, les rythmes, les sonorités et l’imaginaire de l’univers créole antillais, qui le marqueront sans retour. Libre et solaire, alizéenne, cette enfance lui offre d’éprouver pour la première fois le sentiment d’altérité culturelle.
En 1986, âgé de 10 ans, il retrouve les Alpes de Haute-Provence et déploie son adolescence au cœur d’un hameau d’altitude où il s’initie à la musique instrumentale et à la poésie. Ces années seront marquées par la rencontre avec le jazz, la peinture et la sociologie pour laquelle il se passionne dès les années de lycée. Muni d’un baccalauréat économique et social obtenu en 1994, Franck Degoul part donc étudier cette dernière à Aix-en-Provence. Convaincu de l’intérêt critique des sciences sociales, il fréquente les milieux anarchistes dont les réflexions, avec celle de Nietzsche dont il approfondit la lecture, participent à la construction de sa pensée. Prenant progressivement conscience que les questionnements d’ordres symbolique, mythologique et cosmologique exercent sur lui un attrait supérieur, et mû par une soif personnelle de comprendre l’homme en culture plus que l’individu en société, il choisit de s’orienter vers l’ethnologie.
Cette voie ethno-anthropologique mènera à nouveau Franck Degoul aux Antilles. Ces sociétés étant nées dans le creuset de la plantation esclavagiste, il se consacrera à l’étude des retentissements de la relation de servitude primordiale au sein de leurs imaginaires populaires contemporains. Aussi séjourne-t-il en Martinique dès 1998 où, sillonnant mornes et villes, il entreprend d’étudier le thème du pacte avec le diable. L’année suivante, il s’intéresse in vivo aux diverses relations nouées entre vivants et morts, et s’entretient avec de nombreux fossoyeurs de l’île dont il circonscrit l’univers des représentations et des usages. Remarquée par le romancier Raphaël Confiant, l’une de ses études ethnographiques fera l’objet d’une publication aux éditions Ibis Rouge alors qu’il n’a que 22 ans.
Prolongeant cette exploration ethnologique, Franck Degoul entame en 2000 une thèse de doctorat sur la figure la plus emblématique de cette thématique de la servitude : celle du zombi haïtien, avatar terrifiant de l’esclave africain des premiers temps. Il séjourne plus d’un an en Haïti entre 2000 et 2002, apprend le créole, s’installe dans des quartiers populaires et s’immerge dans l’univers du Vodou dont il fréquente les cérémonies et arpente les coulisses, partageant la misère, la joie, les beautés fulgurantes et la résistance inouïe de ce petit pays à l’histoire épique.
Parallèlement à son terrain de recherche, Franck Degoul réside au Canada pour y suivre une formation doctorale à l’Université Laval de Québec. Il mettra à profit sa présence de plus d’un an et demi pour effectuer un tour de la Gaspésie, arpenter Montréal et Ottawa, pousser jusqu’aux États-Unis voisins où il explore Chicago et fait la rencontre du sculpteur surréaliste Finn Thomsen. Son parcours universitaire est couronné, à la fin de 2005, par l’obtention du double grade de docteur et de Ph.D. en anthropologie.
Au cours de l’année 2006, pour des raisons financières autant que pour goûter aux vertus d’une expérience inédite et physiquement engagée, Franck Degoul participe en tant qu’employé à la construction hivernale de chalets en Savoie, en Haute-Savoie et dans le Jura, puis œuvre à la réalisation intégrale d’une maison écologique bioclimatique à ossature bois non loin de Digne-les-Bains. À l’issue de cette parenthèse bâtisseuse, il est repris par le voyage et s’envole pour l’Afrique de l’Ouest en compagnie d’un ami cinéaste. Parcourant le Burkina en bus et à moto, puis le Togo et le Bénin où ils approchent les racines du vaudou haïtien, les deux amis se consacrent la réalisation d’un documentaire traitant de la mémoire de l’esclavage et de la traite illicite dans une localité côtière du Togo – par faute de moyens de montage suffisants, il ne verra jamais le jour.
Revenu en France, on voit Franck Degoul professeur de collège. Non content d’enseigner l’histoire et la géographie, il met en place une série d’interventions consacrées à l’anthropologie au profit d’élèves de son établissement. Hors les murs, il chemine sur les multiples sentiers du bouddhisme en compagnie d’un moine zen, ancien disciple de feu maître Taisen Deshimaru, qui deviendra son ami et l’initiera aux textes fondateurs et à la philosophie de cette religion du juste milieu et de la vacuité. Naît alors le projet de cheminer pour de bon, loin, et seul. Parmi d’autres destinations, il élit le Brésil pour ses proportions continentales, sa diversité humaine et environnementale, ses filiations européennes, indiennes et africaines? Mais saura-t-il marcher ? Cette traversée pédestre sera effectuée entre octobre 2009 et juin 2010, mois durant lesquels il parcourra les 5 000 kilomètres reliant les deux extrémités latitudinales du pays, des pampas gaúcha à l’Amazonie indienne.
À son retour, Franck Degoul s’engage dans une association à caractère social et travaille auprès de personnes sans-abri dans des centres d’hébergement d’urgence des Alpes de Haute-Provence. Il assure parallèlement la fonction de directeur de mémoire et encadre une recherche portant sur les demandeurs d’asile, population qu’il fréquente régulièrement dans le cadre de son activité.
En plus des nombreux voyages mentionnés, Franck Degoul a séjourné à Tahiti et aux Marquises (où il est parti sur les traces de Jacques Brel et de Paul Gauguin) ainsi qu’à Mayotte et en Guyane.
Consacrant son temps libre à écrire, à composer de la musique, à randonner et à jouir de l’existence, Franck Degoul vit dans les Alpes de Haute-Provence.