Parc de Somiedo – Asturies (Espagne)
Année 2007
© Blandine Vignon
Né à La Celle-Saint-Cloud en 1961, Vincent Vignon est naturaliste dans l’âme. Il faut l’avoir suivi durant le brame du cerf en forêt de Villers-Cotterêts, à l’affût du loup dans les Asturies ou à la recherche du pique-prune dans les cavités des arbres de la Sarthe pour comprendre à quel sens de l’observation et à quelle compréhension des écosystèmes peut mener une passion pour la nature qui plonge ses racines loin dans l’enfance. À l’âge où d’autres jouent aux billes, l’enfant s’intéresse à la floraison des marronniers, à la germination des plantes et à toutes les bestioles qu’il peut faire cohabiter dans son vivarium.
Adolescent, Vincent Vignon se passionne pour les cervidés des forêts de Picardie, dont il suit les populations d’année en année, notamment à travers leurs bois, qu’il collecte et parvient même à réattribuer à tel ou tel spécimen entrevu ou pisté. C’est tout naturellement que, dans le cadre de cette passion exclusive, il en vient à s’intéresser aux prédateurs des cervidés, tel le loup dont, depuis 1987, à travers vingt-deux voyages, il a suivi le retour dans la cordillère Cantabrique, en Espagne. Il a ainsi présenté en 1995 à l’École pratique des hautes études un mémoire sur leur prédation à l’égard des ongulés sauvages et domestiques. Dans le cadre de ses recherches, il a aussi voyagé à de nombreuses reprises en Suède, en Roumanie, en Pologne et dans les Balkans pour s’intéresser à d’autres prédateurs, comme l’ours brun ou le lynx.
Devenu écologue, Vincent Vignon en serait peut-être resté à l’utilisation de l’espace par les populations d’ongulés et au retour des prédateurs carnivores s’il n’avait cofondé, en 1991, l’Office de génie écologique, installé à Saint-Maur-des-Fossés. Dans le cadre de ce bureau d’études spécialisé, qui rassemble des consultants pour la gestion des espaces naturels et pour les projets d’aménagement urbain ou routier, il a peu à peu eu l’occasion d’approfondir sa connaissance des amphibiens, des reptiles, des invertébrés. Ces espèces ne doivent-elles pas aussi traverser les routes ? Les friches industrielles ne sont-elles pas l’une des explications du maintien de nombreux papillons jusqu’au cœur de nos villes ? Il en est même venu à étudier les orthoptères – criquets et sauterelles – et à s’éprendre des coléoptères associés aux cavités des vieux arbres, comme le pique-prune. Avec son équipe, il suit cet insecte protégé de 2 grammes par pistage radio afin de mieux comprendre les capacités de dispersion de cette espèce casanière, fidèle à 200 mètres près à son site de naissance !
Vincent Vignon est également membre des conseils scientifiques régionaux du patrimoine naturel d’ÃŽle-de-France et de Picardie, membre du conseil scientifique du Conservatoire des espaces naturels de Picardie et de l’École doctorale ? Diversité du vivant » (université Paris VI), animateur du comité scientifique de Ferus, qui milite pour la préservation de l’ours, du loup et du lynx en France.