Dune de Khongor – Ömnögov’ (Mongolie)
Année 2004
© Sylvain Tesson
Né à Suresnes en 1969, Thomas Goisque est issu d’une famille nombreuse aux origines picardes. Longtemps attiré par l’idéal scout, il se souvient aussi avec émotion des parties de chasse entre amis ou de la visite des chapelles des champs de bataille de la Première Guerre mondiale. Son sujet de fin d’études à l’École nationale supérieure des arts décoratifs, section photographie, le mène d’abord en Asie du Sud-Est, avant que son service militaire dans les chasseurs alpins ne le conduise à séjourner en Bosnie. De 1998 à 2000, il prend une part active au périple de Saigon à Saint-Malo de la jonque Sao Mai, menée par Michaël Pitiot.
Photographe indépendant depuis 1995, Thomas Goisque n’a eu de cesse de collaborer avec le Figaro Magazine, notamment en 2002 dans le cadre de l’ambitieux projet ? Portes d’Afrique », mais aussi à de multiples reprises en Asie du Sud-Est, comme en Irak et au Chili, quoique ses photos aient aussi été publiées dans National Geographic (Les carrières de Confrécourt), Grands Reportages (Sainte-Hélène), VSD (Le tour du Tonkin à moto, Des commandos contre les talibans), Animan (Évadés du Goulag, Enjeux du pétrole) et, en 2008, dans GEO (Les oubliés du lac Baïkal). Certains de ses reportages sont en outre distribués par l’agence Gamma. Dans le cadre de ces sujets, il a souvent retrouvé Sylvain Tesson, qu’il a photographié dans les pas des évadés du Goulag ou le long de l’oléoduc transcaucasien, ou bien voyagé en compagnie de l’illustrateur Bertrand de Miollis, qu’il avait connu à bord de Sao Mai. Thomas Goisque et Bertrand de Miollis se sont ainsi rendus en Irak avec Arnaud de La Grange au début de 2004 et en Afghanistan avec Sylvain Tesson au début de 2009 pour témoigner de l’engagement d’unités de l’armée française.
On peut ainsi être un homme du large, prêt à partir à tout instant à l’autre bout du monde, et un homme du port, fidèle à ses amis et à ses proches. Ce qui caractérise le plus Thomas Goisque, c’est le culte de l’amitié et de la fidélité. Sans doute existe-t-il fort peu de voyageurs aussi attachés à l’endroit d’où ils viennent. Quand il s’est installé avec femme et enfants dans une ferme picarde en 2006, il a accompli ce qui pourrait bien ressembler à la définition d’une vie réussie : le séjour dans un havre ancré dans une terre d’histoire, d’où il peut à tout moment larguer les amarres pour retrouver les horizons lointains. Là, bardé d’appareils photo, il se sent encore un peu l’appelé sanglé du Famas sur les pentes du mont Igman, au-dessus de Sarajevo, et, aux prises avec les sanglants démêlés du monde, il croit encore à la mission de la France et à la responsabilité morale de l’Occident : il dégaine alors son boîtier Nikon comme, en d’autres temps, il aurait dégainé son épée Durandal.