Phoques au Spitzberg



Deux des cinq espèces de phoques du Spitzberg sont communes : le phoque barbu et le phoque annelé.
Le phoque barbu (Erignathus barbatus), qui pèse environ trois cents kilos, se distingue par son corps imposant et fusiforme, sa nuque peu marquée et sa moustache. On le rencontre seul ou en petits groupes, étendu sur les flots de la banquise ou les bourguignons des glaciers. Son alimentation étant identique à celle du morse – holothuries, crabes et mollusques –, il se cantonne dans les eaux relativement peu profondes (jusqu’à 200 mètres). Plutôt sédentaire, le phoque barbu est capable d’entretenir des trous de respiration dans la banquise hivernale comme le phoque annelé, mais il lui arrive aussi de rejoindre les zones d’eau libre où il se nourrit de poissons, dont il détecte le mouvement dans l’obscurité grâce à ses vibrisses. Peuplant l’Arctique de manière éparse, l’espèce n’a jamais été menacée par la chasse. Au Spitzberg, cet animal se montre d’une confiance surprenante à l’égard de l’homme qui, à bord d’une embarcation silencieuse, peut l’approcher à un mètre de distance alors qu’il rêvasse sur la glace, ce qu’il fait le plus clair du temps. Se hisser sur un iceberg représentant pour lui beaucoup d’efforts, il rechigne à se mettre à l’eau. On l’aperçoit très rarement sur la terre ferme.
Le phoque annelé ou marbré (Phoca hispida) est le phoque le plus commun du Spitzberg comme de l’ensemble de l’hémisphère Nord. Le plus petit représentant de la famille des phocidés, qui ne pèse guère plus de soixante kilos – dont 40 % de graisse à l’entrée de l’hiver – se nourrit de crustacés aussi bien que de morues polaires. Le phoque annelé est très craintif lorsqu’il se repose sur la glace mais, une fois dans l’eau où il se sent en sécurité, il s’approche de lui-même des embarcations. Solitaire, sédentaire, il passe l’hiver à entretenir des trous de respiration dans la banquise : la richesse de son sang en globules rouges lui permet de plonger vingt minutes d’affilée. Lorsque la banquise est recouverte par la neige, la femelle aménage une tanière où elle donne naissance à son petit. Le jeune phoque annelé, tant qu’il n’aura pas quitté sa tanière après six à dix semaines d’allaitement, est une proie facile pour ses prédateurs. Or, malgré ses nombreux ennemis, ours polaire en tête, le phoque annelé vit couramment plus de vingt ans et jusqu’à l’âge de 45 ans. Observé à quelques kilomètres du pôle Nord, ce phoque est le mammifère le plus septentrional de la planète.

Par Emmanuel Hussenet
Texte extrait du livre : Spitzberg, Visions d’un baladin des glaces
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