Sainte-Hélène – Atlantique Sud
L’exil nostalgique de Napoléon
Sainte-Hélène… Ce nom mythique évoque pour tout un chacun l’exil, puis la mort de l’Empereur. L’image qu’en a laissée Napoléon, dans ce qu’il a dicté à Las Cases et à ses compagnons, est celle d’un endroit hostile, malsain, voire inhabitable. C’est réduire l’île au seul plateau de Longwood, et encore pendant la saison humide. Pour celui qui a eu le privilège d’y séjourner, Sainte-Hélène n’apparaît pas comme ce lieu décrié. Elle se transforme en une terre pleine de contrastes dont les paysages passent en quelques kilomètres des prairies verdoyantes et vallonnées du Morvan aux canyons arides et désertiques du Colorado.
S’y rendre n’est pas chose aisée. Cette petite île de 15 km de long sur 10 de large passe aujourd’hui encore pour l’un des points les plus isolés du globe. Aucun avion ne s’y pose. Seul un cargo mixte, le RMS Saint Helena, dessert les îles britanniques de l’Atlantique Sud : Sainte-Hélène, Ascension, Tristan da Cunha. Alors, après six jours de navigation, faiblement éclairée par l’aube naissante et couverte d’épais nuages noirs qui ajoutent au spectacle lugubre, Sainte-Hélène apparaît, monumentale. La masse de ses rochers volcaniques émerge brutalement au-dessus de l’océan. « Un catafalque de rochers », écrira Chateaubriand. Son aspect rébarbatif, souvent évoqué, procure une joie intense. De prime abord, Sainte-Hélène ne triche pas avec sa légende. C’est en 1488 que des navires portugais atteignent pour la première fois le cap de Bonne-Espérance et pénètrent dans les eaux de l’océan Indien, sur la route des épices. Juan de Nova Castella, d’origine espagnole, entre au service du Portugal. À la tête d’une flotte de quatre navires, il quitte le port de Lisbonne en mai 1501 pour les Indes. Lors de ce voyage aller, il découvre l’île d’Ascension, située à 1 700 kilomètres au nord de Sainte-Hélène. Arrivé en Orient, notre navigateur remplit ses cales et reprend le chemin du Portugal. À son retour le 21 mai, fête d’Hélène, la mère de l’empereur Constantin, de Nova Castella et son escadre arrivent sur une terre inconnue qu’ils baptisent du nom de Sainte-Hélène. Elle devint naturellement une escale pour ces marins qui appréciaient sa végétation luxuriante, son climat modéré et sa richesse en arbres fruitiers. Pendant presque cent ans, les Portugais vont profiter pleinement de leur escale, avant que les Hollandais et les Britanniques ne la convoitent. De nouveaux habitants s’installent, érigent une église et des maisons : c’est le début de Jamestown.
De nombreux visiteurs ont contribué à la renommée de cet îlot sud-atlantique. Edmund Halley, celui qui découvrit la comète, y travailla et y fit construire un observatoire au nord-est, actuellement connu sous le nom de Halley’s Mount. Il y observa les transits de Mercure et de Vénus. Le capitaine Cook y fit escale en 1775 au retour de sa seconde circumnavigation. Le capitaine Bligh, du Bounty, y parvint en 1792 et y laissa les arbres à pain que l’on y trouve encore aujourd’hui. En 1810, on engagea des travailleurs chinois, qui s’établirent durablement dans la communauté. Mais un tout autre événement vient troubler le calme de Sainte-Hélène. Le 15 octobre 1815, le Northumberland, vaisseau de ligne de la flotte anglaise, mouille l’ancre en rade de Jamestown. À son bord, l’homme qui va sortir Sainte-Hélène de l’anonymat, celui qui a dominé l’Europe pendant près de vingt ans : l’empereur Napoléon Ier, déporté, avec son entourage, après les désastres de Ligny et de Waterloo, en juin 1815. Il vécut six ans à Longwood, où il mourut le 5 mai 1821. Passé le perron, l’émotion étreint le visiteur : ce lit de camp, ce billard, cette mappemonde ont servi de cadre de vie à l’Empereur.
Suggestions de visite :
• Longwood House : Napoléon vécut du 10 décembre 1815 au 5 mai 1821 dans cette modeste maison de cinq pièces.
• Le pavillon des Briars : résidence, d’une seule pièce à l’époque, où Napoléon demeura du 18 octobre au 10 décembre 1815.
• Plantation House : résidence des gouverneurs britanniques, construite au XVIIIe siècle, avec, dans le parc, les célèbres tortues géantes.
• High Knoll Fort : forteresse qui, avec son sémaphore, domine l’ensemble de l’île.
• La Tombe : Napoléon reposa dans cette simple sépulture de 1821 à 1840.
• À Jamestown : Ladder Hill, forteresse accessible par un escalier de 700 marches.
• Sandy Bay : le plus beau panorama de l’île. Véritable Colorado de l’Atlantique Sud.
Par Jean-Paul Delbert
En savoir davantage sur : Jean-Paul Delbert
Sainte-Hélène… Ce nom mythique évoque pour tout un chacun l’exil, puis la mort de l’Empereur. L’image qu’en a laissée Napoléon, dans ce qu’il a dicté à Las Cases et à ses compagnons, est celle d’un endroit hostile, malsain, voire inhabitable. C’est réduire l’île au seul plateau de Longwood, et encore pendant la saison humide. Pour celui qui a eu le privilège d’y séjourner, Sainte-Hélène n’apparaît pas comme ce lieu décrié. Elle se transforme en une terre pleine de contrastes dont les paysages passent en quelques kilomètres des prairies verdoyantes et vallonnées du Morvan aux canyons arides et désertiques du Colorado.
S’y rendre n’est pas chose aisée. Cette petite île de 15 km de long sur 10 de large passe aujourd’hui encore pour l’un des points les plus isolés du globe. Aucun avion ne s’y pose. Seul un cargo mixte, le RMS Saint Helena, dessert les îles britanniques de l’Atlantique Sud : Sainte-Hélène, Ascension, Tristan da Cunha. Alors, après six jours de navigation, faiblement éclairée par l’aube naissante et couverte d’épais nuages noirs qui ajoutent au spectacle lugubre, Sainte-Hélène apparaît, monumentale. La masse de ses rochers volcaniques émerge brutalement au-dessus de l’océan. « Un catafalque de rochers », écrira Chateaubriand. Son aspect rébarbatif, souvent évoqué, procure une joie intense. De prime abord, Sainte-Hélène ne triche pas avec sa légende. C’est en 1488 que des navires portugais atteignent pour la première fois le cap de Bonne-Espérance et pénètrent dans les eaux de l’océan Indien, sur la route des épices. Juan de Nova Castella, d’origine espagnole, entre au service du Portugal. À la tête d’une flotte de quatre navires, il quitte le port de Lisbonne en mai 1501 pour les Indes. Lors de ce voyage aller, il découvre l’île d’Ascension, située à 1 700 kilomètres au nord de Sainte-Hélène. Arrivé en Orient, notre navigateur remplit ses cales et reprend le chemin du Portugal. À son retour le 21 mai, fête d’Hélène, la mère de l’empereur Constantin, de Nova Castella et son escadre arrivent sur une terre inconnue qu’ils baptisent du nom de Sainte-Hélène. Elle devint naturellement une escale pour ces marins qui appréciaient sa végétation luxuriante, son climat modéré et sa richesse en arbres fruitiers. Pendant presque cent ans, les Portugais vont profiter pleinement de leur escale, avant que les Hollandais et les Britanniques ne la convoitent. De nouveaux habitants s’installent, érigent une église et des maisons : c’est le début de Jamestown.
De nombreux visiteurs ont contribué à la renommée de cet îlot sud-atlantique. Edmund Halley, celui qui découvrit la comète, y travailla et y fit construire un observatoire au nord-est, actuellement connu sous le nom de Halley’s Mount. Il y observa les transits de Mercure et de Vénus. Le capitaine Cook y fit escale en 1775 au retour de sa seconde circumnavigation. Le capitaine Bligh, du Bounty, y parvint en 1792 et y laissa les arbres à pain que l’on y trouve encore aujourd’hui. En 1810, on engagea des travailleurs chinois, qui s’établirent durablement dans la communauté. Mais un tout autre événement vient troubler le calme de Sainte-Hélène. Le 15 octobre 1815, le Northumberland, vaisseau de ligne de la flotte anglaise, mouille l’ancre en rade de Jamestown. À son bord, l’homme qui va sortir Sainte-Hélène de l’anonymat, celui qui a dominé l’Europe pendant près de vingt ans : l’empereur Napoléon Ier, déporté, avec son entourage, après les désastres de Ligny et de Waterloo, en juin 1815. Il vécut six ans à Longwood, où il mourut le 5 mai 1821. Passé le perron, l’émotion étreint le visiteur : ce lit de camp, ce billard, cette mappemonde ont servi de cadre de vie à l’Empereur.
Suggestions de visite :
• Longwood House : Napoléon vécut du 10 décembre 1815 au 5 mai 1821 dans cette modeste maison de cinq pièces.
• Le pavillon des Briars : résidence, d’une seule pièce à l’époque, où Napoléon demeura du 18 octobre au 10 décembre 1815.
• Plantation House : résidence des gouverneurs britanniques, construite au XVIIIe siècle, avec, dans le parc, les célèbres tortues géantes.
• High Knoll Fort : forteresse qui, avec son sémaphore, domine l’ensemble de l’île.
• La Tombe : Napoléon reposa dans cette simple sépulture de 1821 à 1840.
• À Jamestown : Ladder Hill, forteresse accessible par un escalier de 700 marches.
• Sandy Bay : le plus beau panorama de l’île. Véritable Colorado de l’Atlantique Sud.
Par Jean-Paul Delbert
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