Un safari photographique en Namibie



Parmi la faune africaine
Pour qui souhaite découvrir la grande faune africaine, il existe un pays qui accueille une grande diversité d’espèces animales et qui n’est pas avare en superlatifs dans le domaine des curiosités naturelles avec, pour n’en citer que quelques-unes, des plantes endémiques de plus de quinze siècles, les plus hautes dunes de sable du monde et le second plus grand canyon après celui du Colorado. Un pays où la très faible implantation humaine au regard de l’immensité du territoire ébranle nos habitudes et nous projette vraiment ailleurs. Longtemps restée à l’écart en raison des aléas de son histoire, souvent placée dans l’ombre de sa voisine l’Afrique du Sud, la Namibie a ouvert ses portes au visiteur depuis une quinzaine d’années et se présente aujourd’hui comme une destination originale et à part entière pour l’amateur d’observation et de photographie animalières.
Déjà, dans l’avion qui survole le continent africain, les discussions entre ornithologues et les pages ouvertes qui laissent entrevoir des silhouettes de mammifères indiquent au passager qu’il suit la bonne piste. Tel un comité d’accueil, les singes aperçus sur les bas-côtés de la route qui relie l’aéroport à la capitale sont autant de signes de bienvenue. En plein cœur du pays, Windhoek, oasis moderne où affleurent les traces de l’architecture coloniale germanique, constitue le point de départ de l’exploration. Vingt-cinq kilomètres de route vers l’ouest de la métropole suffisent pour faire connaissance en douceur avec la nature namibienne. Le parc Daan Viljoen, de taille réduite, constitue à la fois un point de départ idéal et une dernière étape reposante. Au sein des collines à la végétation clairsemée, quelques réservoirs d’eau attirent les premiers ambassadeurs animaliers. Zèbres, grands koudous, gnous et oryx évoluent en groupe à découvert, comme les babouins qui se chamaillent autour du point d’eau, tandis que les phacochères et damans des rochers (sortes de marmottes africaines) semblent plus farouches. Les chacals, plus sociables, rôdent autour du bivouac. Ici, l’absence de grand fauve permet d’arpenter les sentiers et de faire corps avec cette terre sauvage. En route pour l’ouest et la côte en descendant le plateau central qui sépare le désert du Kalahari et celui du Namib – le plus vieux du monde –, il est rare de ne pas croiser ici ou là une antilope, une autruche ou un écureuil terrestre. En un contraste surprenant, l’aridité croissante du paysage se conjugue à une baisse rafraîchissante de la température. Les animaux du désert, du coléoptère à l’oryx, tournent à leur avantage ces contradictions climatiques qui transforment un brouillard régulier en une source de vie bienfaitrice. Cette dernière permet également à la Welwitschia mirabilis, plante qui ne vit que dans le Namib, de s’épanouir et de dépasser parfois les 1 500 ans.
Bientôt les vagues succèdent aux dunes et aux formations rocheuses chaotiques, la civilisation réapparaît alors sous la forme inattendue d’une station balnéaire à l’architecture hollandaise, Swakopmund. Le voyageur en quête de rencontres animales ne fait qu’y passer et poursuit sa route au sud vers Walvis Bay, principale ville portuaire du pays, afin d’observer non pas les navires marchands mais les flamants, pélicans et autres oiseaux qui viennent pêcher par milliers sur les plages et dans les lagons. Plus loin la route s’arrête, bloquée par les dunes ocre, agrégées en forteresse naturelle, qui viennent côtoyer l’océan et s’enfoncent sur plusieurs dizaines de kilomètres à l’intérieur du pays. Demi-tour donc et cap au nord en longeant le rivage, pour assister à un spectacle qui n’est pas a priori en tête du classement des événements animaliers africains dans l’imaginaire collectif. Dans la réserve de Cape Cross, une colonie d’otaries de plusieurs milliers d’individus vaque à ses occupations sous les regards des touristes que l’odeur n’a pas cantonnés à l’intérieur de leur véhicule. Le chacal, suivi par l’hyène, n’en fait pas grand cas et attend patiemment, à l’affût d’un bon repas. Des espèces dont on penserait qu’elles appartiennent à des milieux géographiques différents se rencontrent ici dans un échange souvent fatal. Dans cet univers en apparence aride, les otaries apprécient la température de l’Atlantique refroidi par les eaux glacées en provenance de l’Antarctique que le courant marin de Benguela a apportées jusqu’à elles. Les ossements et épaves qui parsèment le parc de la côte des Squelettes rappellent que tous n’y ont pas trouvé le même plaisir et que les courants ne sont pas toujours aussi cléments.
Ces tristes pensées évanouies, il est temps de rejoindre le lieu tant convoité, l’une des plus grandes réserves animalières d’Afrique, symbole à elle seule de toute la richesse faunique du pays : le parc d’Etosha, « l’étendue blanche ». Son nom vient du pan, un immense lac asséché de 72 kilomètres sur 120, qui n’est que rarement recouvert d’eau, à la saison des pluies, de janvier à avril. Au nord et à l’ouest s’étendent des plaines herbeuses, la savane à mopanes règne sur la partie sud du pan où se trouve la piste principale qui traverse le parc. Le regroupement des animaux aux points d’eau à la saison sèche et l’absence de relief facilitent l’observation. Mais celle-ci se fera depuis le véhicule, car c’est le domaine des grands fauves. Selon les règles du spectacle, qu’il soit humain ou animal, les vedettes demandent plus de patience et sont plus difficiles à approcher, la palme revenant au léopard. Quant au rhinocéros noir, il se peut qu’il préfère les apparitions nocturnes, sous les feux des projecteurs installés aux points d’eau adjacents aux trois camps qui accueillent les visiteurs et dont l’enceinte est close pour la nuit, ce qui n’empêche pas de croiser un chacal entre les tentes à la lueur d’une lampe torche. L’hippopotame et le buffle, absents ici, laissent la place à l’oryx, dont le masque et les cornes exhibent la majesté. Chaque apparition aux points d’eau est déterminée par la hiérarchie animale et suit un protocole séculaire dont la transgression peut être lourde de conséquence.
Sur le chemin du retour vers la capitale, le parc du plateau de Waterberg est un havre de paix pour certaines espèces en voie de disparition comme le rhinocéros blanc, l’hippotrague ou le vautour du Cap, protégés par la muraille rocheuse. Les déplacements y sont réglementés mais l’ascension par un sentier est l’occasion d’apercevoir, dans la végétation dense qui pousse au pied de la falaise, la petite gazelle dik-dik ou, parvenu au sommet, un babouin en méditation devant le Bush qui s’étend à perte de vue, hurlant alentour comme pour célébrer la beauté de son royaume et dire « à bientôt » au visiteur de passage.

Suggestions de visite :
• Sossusvlei : les plus hautes dunes de sable dans le plus vieux désert du monde.
• Les plaines de Weltwitschia : des plantes pouvant dépasser quinze siècles d’âge.
• Twyfelfontain : peintures rupestres réalisées par les Bushmen et représentant les animaux de la savane.
• Météorite de Hoba : la plus grosse météorite recensée, près du village de Grootfontein.
• Canyon de la Fish River : 161 km de long et jusqu’à 550 m de haut.
• Le Damaraland et le Kaokoland : on y rencontre les rares éléphants du désert qui errent dans le lit asséché des rivières.

Par Anthony Coadou
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