Épilogue :
« Auprès de nos chevaux, nous nous sommes dĂ©couvertes. Nous avons appris à maĂ®triser la peur pour qu’elle n’entrave pas notre libertĂ©. L’importance accordĂ©e à la sĂ©curitĂ© ne concernait pas uniquement nos personnes mais nos animaux. Ils se sont naturellement placĂ©s au centre de nos prĂ©occupations en Ă©tant à la fois nos moyens de locomotion et de survie, et la source principale de nos inquiĂ©tudes. Leur bien-ĂŞtre est devenu primordial et, bien souvent mĂŞme, plus important que le nĂ´tre.
Nous nous sommes volontiers soumises aux injonctions et à la rigueur que cette manière de voyager imposait. Nous avons concentrĂ© nos efforts et nos forces pour rĂ©pondre à ces besoins primaires. La prĂ©sence des chevaux nous a permis de laisser Ă©clore en nous un sentiment d’humilitĂ©, mais Ă©galement de sortir de notre rĂŞve et d’apprĂ©hender ce que nous vivions comme un travail, un enchaĂ®nement de besognes à rĂ©pĂ©ter inlassablement. Nous sommes parvenues à la mĂŞme conclusion que Robyn Davidson dans Tracks : “Il fallait considĂ©rer le voyage tout simplement comme une succession d’Ă©tapes, de jours qui se suivent. Si un jour tout se passait bien, pourquoi n’en serait-il pas de mĂŞme pour le jour suivant ? L’effet boule de neige Ă©tait sĂ»rement garanti.” »
Cavalières, La chevauchée kirghize
(p. 230-231, Transboréal, ? Sillages », 2022)