Kandy (Sri Lanka)
Année 2015
© Nadia Gypteau
Né à Paris en 1962, Henri Boillot déménage très vite avec ses parents artistes peintres dans le sud de la Sarthe, en vallée du Loir. Les vacances de son enfance baignent dans les lumières de la Côte d’Azur et de la Franche-Comté, mais aussi de la côte vendéenne lors de colonies ou en famille. En grandissant, il apprend le patrimoine et la géographie au gré de voyages scolaires ou des déplacements saisonniers de ses parents : les châteaux de la Loire, les vitrines de Noël à Paris, le bateau de Belle-ÃŽle, les Cévennes de Stevenson, la Bourgogne de Colette, L’Ange au sourire de Reims, les plages du Débarquement, les fontaines d’Aix-en-Provence? Mais ses premiers grands voyages sont imaginaires, grâce à Tintin, aux aventures du Club des Cinq et à Jules Verne. Au début de l’adolescence, les camps scouts le forment à une vie saine et rude en pleine nature, de la Cornouaille à la Dordogne, en passant par le Médoc, pour de longues marches en rangers, des virées en Optimist, une descente en radeau et d’incertains raids nocturnes. Il en a conservé l’art du feu et l’amour de l’eau, des prés et des arbres.
À 17 ans, impressionné d’étudier au Mans dans l’établissement qui vit passer Hervé Bazin, Guy des Cars et Saint Exupéry, dont il admire la bravoure, Henri Boillot voyage en auto-stop jusqu’en Basse-Saxe (RFA) avec deux ou trois adresses en poche. Cette aventure piquante et économique l’encourage à rallier le Maroc dans les mêmes conditions l’année suivante. Puis ce sera Venise en pleine période du carnaval. Le virus des petits voyages ne le lâchera plus. Après la fac à Rennes, devenu journaliste dans la Sarthe, il consacre tous ses congés à découvrir le monde. L’avion étant encore cher, il prend l’aéroglisseur direction l’Angleterre, passe en 2 CV sous les miradors est-allemands pour atteindre la Pologne avec un ami, rallie Rome en chemin de fer.
En 1985, Henri Boillot découvre quand même l’avion lors d’un voyage en Grèce. Cinq semaines en Chine lui permettent, deux ans plus tard, de descendre le Yangzi, de marcher dans la vallée de la Li et de faire connaissance avec les fameux trains de la République populaire. Lui vient alors l’envie de multiplier les voyages au long cours vers l’Asie (Vietnam, Cambodge, Thaïlande, Indonésie) dans une quête d’exotisme qui nourrit ses rêves. Le Pérou, le Québec, le Sénégal et la forêt des Pygmées, l’Égypte et des incursions au Sahara figurent aussi dans ses carnets. Des voyages qui furent parfois l’occasion de reportages.
Impliqué dans le monde associatif durant les décennies 1990-2000, il participe notamment à la sauvegarde des cabanes de vigne du XIXe siècle en vallée du Loir, et organise des salons du livre dans un château Renaissance. En parallèle et jusqu’à aujourd’hui, il s’emploie au journalisme indépendant et aux relations presse, à l’organisation de visites-conférences dans la Sarthe en tant que guide, à l’écriture d’ouvrages régionalistes et à l’animation de La Ferme aux histoires qu’il a créée avec Nadia Gypteau, son épouse, rencontrée en 2009. Cette ancienne longère au milieu des pommiers, des charmes, des noyers et des frênes abrite une fabrique de papier artisanal, un conservatoire du livre de jeunesse et des chambres d’hôtes. Il aime écrire encore et toujours.
Avec son épouse Nadia, Henri Boillot renouvelle les départs chaque année. Ils ont découvert ensemble l’âme de la Grèce antique, le Sri Lanka sur les traces de Nicolas Bouvier, l’esprit de Cesária Évora au Cap-Vert, la folle merengue qu’on danse à Saint-Domingue. Le temps, le couple et l’âge font que l’aventure est grandement différente de celles d’il y a quarante ans. Sensibles tous deux aux problèmes que l’homme cause à son propre environnement et aux autres espèces, ils tentent aujourd’hui de voyager en respectant mieux la nature, les ressources et les populations rencontrées. Des ? retours » par le chemin de fer à Naples et à Lisbonne sont envisagés. Des marches de plusieurs jours ou semaines se profilent, à l’image de celle qui mena Nadia chez Pierre Rabhi en Ardèche en 2017. Cette évolution s’inscrit pleinement dans la tendance de la vie lente apparue dans le sillage du mouvement Slow Food depuis la fin des années 1980, mouvement auquel Henri Boillot a participé en tant que journaliste.
À la campagne, au milieu de leurs animaux, ils ont opté pour une consommation en circuits courts, la permaculture dans leur jardin, l’utilisation de moyens de transport doux autant que possible et un usage modéré des médias. Sans hésitation : la sieste, sujet du premier ouvrage d’Henri Boillot à Transboréal, fait partie de cet ensemble cohérent.