Né à Dinan en 1847, d’un père commissaire de police, Auguste Pavie s’engage dès l’âge de 17 ans dans l’armée de terre à Guingamp, puis intègre l’infanterie de marine dans l’espoir de participer aux expéditions militaires lancées par Napoléon III au Mexique. En 1867, il est finalement affecté en Indochine et quitte l’armée pour le service des Postes et télégraphes. Fervent patriote, il tente en 1870 de participer aux combats de la guerre franco-prussienne, mais il arrive trop tard et ne prend part qu’aux assauts de la Commune de Paris. Dépité par la défaite française, il rêve de découverte et de nouveaux territoires.
Auguste Pavie est alors muté au Cambodge en 1876, où il s’immerge pendant trois ans dans la culture khmère et adopte le mode de vie local, sous l’enseignement bienveillant des moines bouddhistes. De 1881 à 1885, il se voit confier la direction du chantier de la ligne télégraphique entre Phnom-Penh et Bangkok, où il mène plus de cent ouvriers annamites et khmers. En récompense de son zèle, il est décoré à 37 ans de la Légion d’honneur et est ensuite nommé vice-consul au Laos. En 1886, il part pour Paris avec treize jeunes fils de la haute société cambodgienne et fonde l’École cambodgienne, qui devient l’École coloniale, et dont le but initial est de former des cadres indigènes pour l’administration des colonies. De retour à Bangkok, il entreprend l’organisation de son départ vers les régions inconnues du haut Laos, mais, les autorités locales le bloquant, il n’atteint la capitale de Luang-Prabang qu’en 1887, six mois après son départ de la capitale du Siam. Après le sauvetage du roi Oun Kham, il obtient le protectorat de Luang-Prabang par la France, déjouant les perspectives expansionnistes du royaume du Siam, soutenu par l’Empire britannique. En 1888, il pacifie la région de la rivière Noire et, cinq ans plus tard, il commande le blocus de Bangkok par l’escadre de l’Extrême-Orient pour obtenir la signature du traité d’Octobre, fondamental pour la renaissance du Laos. Devenu commissaire général du Laos, son objectif est désormais la pacification des territoires locaux et leur administration autonome.
Auguste Pavie rentre définitivement en France en 1895. Deux ans plus tard, il épouse Hélène Gicquelais et se consacre désormais à la rédaction et à l’édition de son travail d’explorateur : la Mission Pavie retrace en onze volumes les 36 000 kilomètres explorés et la première carte complète de l’Indochine. Le couple a un fils, Paul-Auguste, et partage sa vie entre son hôtel particulier d’Auteuil, sa maison de Dinan, dans les Côtes-d’Armor, et sa résidence d’été à Thourie, en Ille-et-Vilaine.
Auguste Pavie rédige plusieurs ouvrages, dont un recueil de ses carnets de voyage (À la conquête des cœurs, 1921), des contes traditionnels du Cambodge et un livre sur la sauvegarde des éléphants. Devenu maire de Thourie, c’est dans l’exercice de son mandat qu’il meurt en 1925.