Sur la rivière Moma – Iakoutie (Russie)
Année 2009
© Birgit Guerrier
Né à Châlons-en-Champagne en 1956, Gérard Guerrier a pour premiers souvenirs les neiges et les grands crêts du Vercors. Devenu skieur, il se frotte rapidement à l’élite régionale au sein du Grenoble Université Club. Après avoir vendu l’hôtel familial, ses parents déménagent sur la Côte d’Azur. La montagne s’éloigne un temps? L’adolescent devient ? voileux » et hésite bientôt entre une carrière de pilote de chasse et de poète maudit. ? Monté à Paris » pour ses études, il côtoie en effet Guy Chambelland et Alain Simon, et publie en 1977 un premier recueil de poésie, Hotchkiss 733, aux Éditions de l’Athanor.
Vingt ans, l’âge de l’inévitable déception amoureuse et du premier accident de parcours : Gérard Guerrier ne sera pas pilote de chasse ! Il sera ingénieur par dépit? La découverte de l’univers sous-marin le sauve d’un spleen grandissant ! Apprenti moniteur de plongée, il découvre les fonds marins du Yémen et des Açores, embarque en mer du Nord. Une bourse généreuse lui permet d’étudier l’océanographie aux États-Unis. Il rencontre, à la célèbre School of Music de Bloomington, Birgit, une pianiste concertiste allemande qu’il épouse. De retour en France, il rentre à la Comex comme ingénieur-plongeur et travaille sur des projets de recherche sous-marine. Il est ainsi l’un des tout premiers à respirer de l’hydrogène à très grande profondeur. Les années 1980 sont aussi celles d’une passion dévorante, l’aile delta, qui le ramène vers ses chères montagnes. Il participe à plusieurs compétitions et réalise l’un des premiers vols bivouacs, de la Méditerranée au Queyras. Reprenant l’écriture, il collabore régulièrement à Vol Libre Magazine. Seuls le décès de nombreux amis libéristes et l’arrivée de deux enfants tempèrent peu à peu cette pratique quasi exclusive.
Repéré par un groupe industriel finlandais, Gérard Guerrier est débauché pour diriger une entreprise dans la région de Bergame. L’Italie devient ainsi la patrie de cœur du couple franco-allemand qui, plus que jamais, s’affirme européen. On lui confie ensuite la direction d’entreprises en France, aux États-Unis, en Allemagne et en Finlande. Cette activité lui permet de sillonner le monde entier avec un intérêt particulier pour les États-Unis, bien sûr, mais aussi pour l’URSS, alors en pleine transition, et la Corée du Sud.
Après un passage à Harvard, Gérard Guerrier défend une thèse de doctorat de gestion des entreprises. Il enseigne alors la stratégie et le marketing industriel à HEC et Grenoble École de Management. Il profite de cette parenthèse pour passer son diplôme d’accompagnateur en montagne et devenir en 2006 directeur général, associé, d’Allibert-Trekking. Pendant près de dix ans, il transforme, avec une équipe de passionnés, cette société familiale, à l’équilibre incertain, en une entreprise innovante et florissante. Son plus grand plaisir reste cependant l’exploration et la création de treks dans des contrées sauvages, des plus lointaines (par exemple, la grande traversée des Tcherski en Iakoutie) aux plus proches (raids alpins : Génépi-Lavande, Lavande-Mimosa). Il effectue aussi des missions ? sécurité » en Mauritanie, Algérie, Yémen, Colombie, Éthiopie, etc. pour s’assurer de la possibilité, ou non, d’y envoyer des clients. Les associés-fondateurs arrivant à l’âge de la retraite, l’entreprise est vendue au groupe Voyageurs du Monde.
Gérard Guerrier se remet alors à l’écriture, travaillant pour plusieurs magazines et journaux : Alpes Magazine, GEO, Trek Magazine, Libération, etc. et traduisant des livres de montagne et de surf depuis l’allemand, l’anglais et l’italien pour le compte d’éditeurs francophones. En 2013, il traverse avec son épouse les Alpes du nord au sud, de Neuschwanstein à Bergame. Cette itinérance pédestre fait l’objet du documentaire Un opéra alpin et du récit L’Opéra alpin chez Transboréal (2015). Paraissent successivement plusieurs livres : Alpini (Glénat, 2017), un roman historique sur la guerre des glaciers entre Italiens et Austro-Hongrois pendant la Première Guerre mondiale ; Résister (Paulsen, 2017), une enquête historique sur la résistance ; Alpes secrètes, réalisé avec le guide Paulo Grobel (Glénat, 2018).
Le 30 décembre 2015, le fils aîné de Gérard Guerrier fait une chute lors d’un vol en parapente et décède après un mois de coma. L’écriture devient alors le moyen de ? continuer à vivre malgré tout » et d’essayer de comprendre les arcanes du destin. Il travaille ainsi sur les notions de risque, de peur, d’aventure et de courage. Il publie Éloge de la peur (Paulsen, 2019) et récidive en 2021 avec Du courage, Éloge à l’usage des aventuriers et? des héros du quotidien. Cette année-là paraît également, aux Éditions du Mont-Blanc, le livre illustré La rando, tu connais ? qui encourage les enfants et les adolescents à choisir la voie de l’autonomie et de l’aventure.