Revigny-sur-Ornain – Meuse (France)
Année 2009
© Philippe Nicolas
Des vairons, quelques loches, une épinoche et deux chabots :
« Vint le départ tant escompté : longues foulées sur la route départementale, la canne dans la main droite, le seau avec la boîte de vers dans l’autre, élan allègre qui me conduisit jusqu’au sentier, juste après le pont en pierre, au bord de la rivière? Une vingtaine de mètres sur la rive gauche du Blaiseron, et je m’installai sur le modeste pont de bois pour y monter ma ligne. Un petit ver loché sur l’hameçon, le dernier réglage du flotteur, mon premier lancer sur la veine d’eau? La première touche, le premier poisson, un vairon? Je lançais ma ligne sans relâche dans les bancs noirs? Je ne pensais à rien lors de cet après-midi fructueux, je me découvrais pêcheur ! Pêcheur pour la vie, amoureux d’une rivière, de ses transparences, de ses herbiers, de ses mouvements, de ses poissons, de ses oiseaux qui venaient y boire et y nicher, de ses arbres, de ses fleurs, de ses hautes herbes? Tout était beau, tout me rendait joyeux? Mon seau se remplit, au fil des heures, de mes prises, des vairons pour la plupart, quelques loches, une épinoche et deux chabots. Plus tard, ce fut la rencontre avec Dame truite, bolide au dos bronze, aux flancs versicolores, reine de la rivière? »
Enchantement de la rivière (L’), Petit bréviaire de la pêche à la mouche
(p. 22-23, Transboréal, ? Petite philosophie du voyage », 2009, rééd. 2017)