Désert du Sinaï (Égypte)
Année 2005
© Mark Little
Le littoral :
« Du Sinaï, nous ne parlons que d’une seule voix : notre connaissance de la région a été cultivée en commun. Exceptionnellement, c’est sans Arnaud mais avec ma mère que je me livre à l’expérience de vivre une semaine dans un campement bédouin. La communauté d’Abou-Galoum, l’une des rares du littoral, est toute désignée ; la vie y est agréable, rythmée par les baignades et les séances de pêche. Nos hôtes, d’abord intrigués, se prennent raopidement d’affection pour nous. Les soixante personnes des tribus Mezeina et Tarabin ont, comme la plupart des Bédouins, abandonné le nomadisme. Les hommes louent leurs services de chameliers aux touristes de Dahab. Les femmes, qui avouent leur lassitude d’enfanter, pratiquent la broderie traditionnelle, activité soutenue depuis peu par les autorités des parcs nationaux. Les jeunes nous incitent à jouer le rôle d’éducatrices et à commenter des cartes géographiques. À nos questions sur la scolarisation, les réponses des parents demeurent évasives : “C’est à l’oasis de Bir-Zureir, à quelques kilomètres dans la montagne, que nos enfants vont s’instruire occasionnellement.” Nous sommes conduites à l’école, une bâtisse austère qui domine le village. C’est également d’ici que l’eau des puits est acheminée vers Abou-Galoum par des tuyaux posés à même le sol. Ainsi en va-t-il d’une société en mutation, dont l’identité et le passé se transmettent avec pudeur. La nuit en effet nous parvient l’écho des mélopées ancestrales de chanteurs isolés. »
Sinaï, Visions de plongeurs en mer Rouge
(p. 12-13, Transboréal, ? Visions », 2003)