Langar – vallée du Wakhan (Tadjikistan)
Année 2011
© Richard Valverde
Prologue :
« J’aime les cartes. Je les admire comme des toiles de maître. Le jeu des ombres et la finesse des courbes de niveau dressent des reliefs sur le plat du papier. Elles racontent l’espace, avec des noms de villes lointaines, de cours d’eau ou de sommets pour ponctuation. Derrière la multitude de couleurs des taxons qui composent leurs légendes, elles partagent l’espace en deux : le connu, terre de souvenirs et de sentiments ; l’inconnu, vastes champs où l’imagination galope sur les mythes de la géographie. Depuis mon enfance, j’ai suivi cette image poétique de l’espace, bout de papier qui permet d’embrasser du regard le monde qui nous entoure, proche comme lointain. Les cartes au 1/25 000 m’ont conduit, gamin, à parcourir les routes de campagne à vélo. Elles m’ont guidé à travers les livres qui donnent vie aux contrées qu’elles représentent en retour : Henry de Monfreid et Joseph Kessel peuplaient ma carte de l’Afrique, et le Michel Strogoff de Jules Verne éclairait celle de la Sibérie. Plus tard, elles m’ont mené sur les bancs des facs de géographie. Aujourd’hui, c’est à cause d’elles que je crève la bulle étroite de la sédentarité pour courir l’horizon. Les cartes sont un billet pour le rêve, la page sur laquelle Émilie et moi comptons écrire notre aventure, en traçant chaque soir avec satisfaction le futile trait de crayon qui représente la distance parcourue, comme une infime entaille découpée dans l’immensité de l’inconnu. »
Diagonale eurasienne, À vélo de l’Australie à l’Europe
(p. 12, Transboréal, ? Sillages », 2015)