RĂ©mi Caritey

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Bivouac dans un chĂŞne – Vosges (France)
Année 2003
© RĂ©mi Caritey
Photographe ayant vĂ©cu en Afrique de l’Ouest. RĂ©colteur de graines d’arbres depuis trois dĂ©cennies.

Une Ă©tonnante homonymie :


« Le karitĂ© est un arbre commun en Afrique de l’Ouest, rĂ©putĂ© pour ses vertus cosmĂ©tiques et parfois culinaires. NĂ© Caritey, j’Ă©voque d’emblĂ©e, aux yeux de chaque Africain auquel je me prĂ©sente, la figure de cet arbre dont l’extrait nourricier et odorifĂ©rant embellit traditionnellement l’Ă©piderme et la chevelure des femmes. Cette homophonie surprend puis dĂ©clenche le rire complice de mes interlocuteurs. Amoureux des arbres tout autant que du continent noir, pouvais-je hĂ©riter d’un meilleur patronyme ?
DĂ©sireux de prendre racine en Afrique, je dĂ©cidai, après plusieurs sĂ©jours dans les pays voisins, de m’Ă©tablir en CĂ´te d’Ivoire, avec mes appareils photographiques pour seul bagage. Quelques jours après mon arrivĂ©e à Abidjan, au dĂ©tour des immeubles, l’apparition soudaine d’une imposante lisière d’arbres inconnus m’Ă©mut violemment. La profondeur et la densitĂ© de cette forĂŞt entrevue Ă©taient comme un cri, un Ă©cho, le chant d’un langage inconnu. Un immense et immĂ©morial signe d’accueil semblait Ă©maner de cette frondaison, balayant toutes les incertitudes de la traversĂ©e et proclamant l’arrivĂ©e à bon port, comme en un lieu familier, fondateur et pourtant oubliĂ©. Cette forĂŞt, je l’appris plus tard, Ă©tait celle du parc national du Banco. Quelquefois, la nuit, d’un boulevard, on pouvait voir des singes perchĂ©s dans les houppiers, Ă©voluant dans des arbres rescapĂ©s de la forĂŞt primaire, celle qui recèle le mystère de nos origines arboricoles et de notre Ă©volution en Homo sapiens. »


Extrait de :

Les Vertiges de la forĂŞt, Petite dĂ©claration d’amour aux mousses, aux fougères et aux arbres
(p. 11-12, TransborĂ©al, ? Petite philosophie du voyage Â», 2011, 4e Ă©d. 2023)

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