Pakistan
Année
© Pierre Neyret
L’Hindu Kush :
« Il faut avoir goĂ»tĂ© à une halte à l’ombre d’un verger pour apprĂ©hender le bonheur contenu dans le mot “oasis”. Alors que tout n’est que chaleur, lumière Ă©blouissante, roc et versants dĂ©solĂ©s, l’oasis offre son havre d’une fraĂ®cheur entretenue par les canaux oĂą court en permanence l’eau froide des glaciers. Blotties derrière des murets de pierres, les maisons aux toits plats abritent les familles. Le voyageur fourbu dĂ©barque dans ces petits paradis oĂą l’on aura tĂ´t fait de lui proposer de s’Ă©tendre à l’ombre des abricotiers, sur un charpoi, sorte de lit de corde garni de tapis et de coussins. Une bassine d’eau pour se laver les mains, une assiette de fruits gorgĂ©s du soleil et de l’eau pure des montagnes, du thĂ©, des chapati, des fruits secs, du yaourt et parfois du beurre frais : ici, rien ne semble plus important que d’accueillir le visiteur. On s’enquiert, avec une courtoisie prononcĂ©e, de savoir d’oĂą vient l’Ă©tranger, quelle est sa religion, la composition de sa famille et surtout on l’interroge sur ce qu’il pense du Pakistan. Il n’est pas rare d’entrer dans des considĂ©rations gĂ©opolitiques ou religieuses. BientĂ´t, les conversations en khowar reprennent ; au fond du verger, le temps est comme suspendu. Et, dans cette parenthèse divine, l’hĂ´te de passage en oublierait presque la rudesse de cette vie en altitude, oĂą la neige vient bloquer les hauts cols de novembre à mai, rendant tout dĂ©placement difficile, isolant du monde ces montagnards accueillants. »
Hautes vallées du Pakistan, Visions de montagnards
(p. 20-21, Transboréal, ? Visions », 2005)