Jacques Bayle-Ottenheim consacre son temps à l’étude des îles et en fait une grande bibliothèque puis co-crée, avec succès, le Salon international du livre insulaire.

Un jour, Jacques Bayle-Ottenheim s’est rendu compte qu’il ne pourrait jamais lire tous les livres. Il entreprit alors de constituer une bibliothèque thématique et, puisqu’« il existe un pacte très fort entre le livre et l’île », insulaire. Il pensait ainsi entrer dans un projet humainement maîtrisable. Bien vite, il comprit qu’il était en train de construire une « bibliothèque de Babel ». Chaque livre en effet lui posait un cas de conscience. Évacuer Don Quichotte ? On y trouve une des plus belles définitions de l’île (« Les îles sont là-bas, dans la mer »). Que faire de Guerre et Paix ? Le conserver aussi, pour ce cri de Natacha qui surgit à un moment crucial, au détour d’une page : « Madagascar »…
« Dans l’esprit de chacun, remarque Jacques Bayle-Ottenheim, où qu’il naisse, il y a une place pour le concept de l’île. Au fin fond de la Mongolie ou de la Sibérie, même dans l’endroit le plus éloigné de la mer, un enfant est prêt à le recevoir. Alors que l’idée du continent est inconcevable pour un enfant né au milieu du Pacifique. » C’est dire l’ampleur de la tâche. D’autant plus que l’homme de lettres est exigeant. Il ne souhaite pas seulement répertorier les ouvrages, mais aussi donner des clefs susceptibles d’éclairer le lecteur. Pas question donc de prétendre à l’exhaustivité : il s’agit de mener le projet suffisamment loin pour créer une dynamique. Cet objectif a été atteint. Déjà, il a engendré quelques excroissances : trois publications collectives sur les îles bretonnes, une bibliographie sur Gauguin et les îles. Et, surtout, une réflexion sur la littérature insulaire, mise au service d’un projet qui a vu le jour en 1999. Sur une idée d’Isabelle Le Bal, Jacques Bayle-Ottenheim a participé à la création d’un Salon du livre insulaire, dont il est, depuis, le conseiller littéraire. Il établit les contacts avec les écrivains, définit les thématiques et organise un prix. Ce salon a lieu tous les ans à Ouessant, durant quatre jours, la seconde quinzaine d’août. Deux cents Ouessantins s’activent bénévolement pour en faire un événement convivial et chaleureux. Le succès remporté prouve qu’il répondait à un besoin : de 4 000 visiteurs lors de la première édition, il est passé à 12 000 à la cinquième. Certains éditeurs viennent de loin, comme de Polynésie ou de Nouvelle-Calédonie, pour apporter leur pierre à un vaste débat autour du double visage des lettres insulaires : la littérature des îliens et la littérature sur les îles. Auteurs et éditeurs de Polynésie, des Caraïbes, de la Réunion, de Corse, des îles du littoral atlantique se retrouvent pour des tables rondes, des conférences, des expositions et des projections de films. Avant cette initiative, tous ces groupes s’ignoraient ; à présent, ils entretiennent des relations suivies. Deux associations ont été créées dans la mouvance du salon : l’une regroupe des éditeurs de l’outre-mer et l’autre ceux de Polynésie. Certaines structures se sont rapprochées, des accords de distribution ont été conclus. Et de nouvelles initiatives se dessinent : pour inscrire dans la durée cette synergie, une « résidence d’écriture » puis une revue littéraire exclusivement dédiées à l’insularité verront prochainement le jour en cette extrémité du Finistère. Jacques Bayle-Ottenheim continue aussi à faire partager sa passion au rythme des Lettres des îles qu’il envoie par Internet aux quatre coins de ce que les organisateurs aiment appeler le sixième continent : celui des îles du monde entier. L’équipe, regroupée au sein de l’association Culture, arts et lettres des îles, s’attache à préserver la vocation d’une terre isolée en mer d’Iroise, devenue pour tous « l’archipel des lettres ».
Salon international du livre insulaire
Village de Toulalan
29242 Ouessant
tél. 02 98 90 33 32
fax 02 98 90 33 32
e-mail salon-du-livre-insulaire@wanadoo.fr
site http://perso.club-internet.fr/jacbayle/livres/salon.html

Portrait rédigé par : Gaële de La Brosse
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