Études pacifiques

Isabelle Leblic a succombé aux charmes d’un séjour d’étude en Nouvelle-Calédonie et a rejoint la Société des océanistes pour partager ses recherches.


Isabelle Leblic a éprouvé le bonheur et toute la difficulté que comporte la vie insulaire, mais en deux lieux différents. Entre 1979 et 1981, elle a compris, à Molène, où elle préparait une thèse en ethnologie sur la pêche, le caractère oppressant de l’insularité sur une île dont on fait le tour en une demi-heure. Mais voilà qu’un appel d’offres pour étudier la pêche en Nouvelle-Calédonie allait la faire passer du Finistère aux DOM-TOM et changer son destin. Elle y a effectué une douzaine de séjours. C’est à l’île des Pins, au sud de la Grande-Terre, qu’en 1983 elle s’établit dans une famille de pêcheurs. On y pêchait toujours au moyen de pirogues à balancier. Puis ses recherches la mèneront sur la Grande-Terre où elle s’installera à Ponérihouen pour mener des enquêtes ethnologiques. Depuis 1993, elle se consacre en effet à l’étude des systèmes de parenté, de l’adoption à l’alliance, en constituant la base généalogique du village de Ponérihouen qui compte 1 700 âmes. Elle a ainsi remonté cent lignages sur plusieurs générations. Souvent, dans les endroits où elle s’installait, elle ne disposait comme ses hôtes ni d’eau courante ni d’électricité. « J’ai été fascinée par le courage des Kanaks, séduite par leur fidélité en amitié, sur une île où l’on n’étale pourtant ni ses états d’âme ni ses sentiments. Je ne m’y suis sentie ni étrangère ni prisonnière, mais acceptée. » Isabelle Leblic a lié son destin à celui de ses hôtes : son fils Romain, né en 1996, est métis, elle aime écouter la musique des groupes locaux tels que Mexem et Gurejelé.
« C’est pour favoriser la connaissance de l’Océanie et les échanges avec elle qu’a été fondée après-guerre la Société des océanistes, dont j’ai été la secrétaire générale pendant sept ans. Aujourd’hui, je suis responsable de son Journal. Si cette association, née à l’initiative du père O’Reilly et du pasteur Maurice Leenhardt, put tout d’abord compter sur les anciens administrateurs coloniaux, elle fédère actuellement aussi des chercheurs et des universitaires. Deux fois par an, elle publie dans les colonnes de son Journal l’état des travaux menés sur l’Océanie. » Soit deux cents sociétaires, dont la moitié vivent dans le Pacifique. Outre cent dix-sept numéros de son Journal, la Société a édité plus d’une cinquantaine de titres, qui vont de Tahiti aux temps anciens (par Teuira Henry, 1951) aux Pirogues polynésiennes (Hélène Guiot, 2003), et se prolongeront notamment par la parution prochaine du journal du séjour d’un administrateur aux Marquises en 1887. À l’instar de nombreux sociétaires, Isabelle Leblic n’envisage pas d’interrompre un jour ses voyages et ses recherches là-bas, même si elle est parfois déçue par l’évolution du territoire, où « malgré les effets d’annonce, il y a encore trop de laissés-pour-compte ». C’est cette amitié et cette connivence indéfectibles pour les îles que cultive la Société des océanistes, afin que la beauté du Pacifique se reflète dans les yeux et les écrits de ses membres comme elle se reflétait naguère dans ceux de leurs glorieux inventeurs.
Société des océanistes
Musée de l’Homme
75116 Paris
tél. 01 47 04 63 40
fax 01 47 04 63 40
e-mail oceanist@mnhn.fr
site www.mnhn.fr/oceanist


Portrait rédigé par : Émeric Fisset
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