À la citadelle Ark – Boukhara (Ouzbékistan)
Année 2019
© Fawaz Hussain
Né en 1953 à Kurdo, un village du nord-est de la Syrie, Fawaz Hussain est fier de cette Mésopotamie que les manuels scolaires présentent comme le berceau de l’humanité, l’endroit où l’on a cultivé le premier blé et où l’on a inventé l’écriture cunéiforme. Depuis la dernière décennie de la guerre civile en Syrie, cette région habitée par une majorité kurde s’appelle également le Rojava, ? l’ouest » en kurde, ce qui sous-entend le Kurdistan occidental.
À 5 ans, Fawaz Hussain s’installe avec ses parents chez sa grand-mère maternelle à Amouda, une bourgade au pied d’une longue chaîne montagneuse qui marque la frontière syro-turque. Il fréquente l’école catholique privée pour apprendre l’arabe et quelques bribes de français, et l’école coranique du quartier pendant les vacances scolaires. N’étant enseigné nulle part, le kurde, sa langue maternelle, est même interdite dans les établissements scolaires et les bureaux administratifs.
Pendant ses années de collège et de lycée, maîtrisant désormais l’arabe, Fawaz Hussain dévore tout ce qui lui tombe entre les mains. En l’absence de divertissement dans ce patelin perdu, la lecture demeure son unique moyen pour s’évader. En 1974, il quitte cette partie du monde située entre le Tigre et l’Euphrate et s’installe à Alep où il obtient une licence de littérature française en 1978. Puis il fait son premier voyage à l’étranger en passant un mois en Jordanie où il découvre Petra, le Wadi Rum et Aqaba.
Son diplôme en poche, Fawaz Hussain atterrit en août 1978 à Paris afin de poursuivre des études de lettres à la Sorbonne. En 1988, une fois sa thèse ? Les incarnations du Don Juan romantique dans l’œuvre d’Alfred de Musset » soutenue, l’écrivain qui sommeillait en lui veut enfin s’exprimer librement, mais dans quelle langue ? Il élimine d’emblée l’arabe, qui avait opprimé sa langue maternelle. Si son choix s’arrête sur le français, c’est que son kurde était en piteux état du fait de sa mise à l’index. Dans ces années-là, en Europe, les livres kurdes étaient encore rares. Les rares glossaires qui servaient de dictionnaires comportaient énormément de lacunes et de frustrations.
À la fin de 1992, Fawaz Hussain s’installe à Stockholm où il découvre une communauté venue des quatre parties du Kurdistan, en particulier des Kurdes de Turquie qui avaient fui le coup d’État militaire de 1980. Il vit trois ans en Laponie suédoise où il est chargé de cours à l’École de hautes études à Luleå. Là, en 1995, il est le premier à traduire en kurde L’Étranger de Camus et Le Petit Prince d’Antoine de Saint Exupéry. En 1997, il publie Le Fleuve, son premier recueil de nouvelles à Paris, aux éditions Méréal.
De retour en France, en l’an 2000, Fawaz Hussain enseigne pendant une vingtaine d’années dans les collèges de Seine-Saint-Denis. Il dispense également des cours du soir à la Mairie de Paris. En 2009 et 2010, il effectue deux voyages au Kurdistan d’Irak et plusieurs autres au Kurdistan de Turquie. Il visite une vingtaine de pays européens, mais il reste marqué par son séjour de 2019 en Ouzbékistan, et son voyage tout récent en Arménie et en Géorgie sur les traces de Sayat-Nova, un barde du XVIIIe siècle.
Fawaz Hussain est l’auteur d’une quinzaine de romans et de recueils en français et autant de traductions en kurde. Il vit à Paris et se consacre à l’écriture et à la traduction.