Plage du village de Beloi – île Atauro (Timor oriental)
Année 2018
© Sandra Wittmer
Première plongée :
« “Tout est bon, c’est quand tu veux !”
Le masque colle à mon visage et la partie qui m’enserre le nez m’empêche de le gratter. Quant à ce truc en caoutchouc que j’ai en bouche pour respirer, il est bizarre – sans parler de la bouteille en métal sur le dos ! Je regarde ma monitrice qui sourit pour m’encourager tandis que les conversations résonnent dans la piscine. J’ai 11 ans et je fais mon baptême de plongée. Bon, je me lance, je mets la tête sous l’eau.
J’y suis ! Il est amusant de voir aussi clairement qu’à la surface les jambes des autres enfants, les nageurs qui s’ébattent et les plongeurs qui s’entraînent au fond. En expirant, ils lâchent des chapelets de bulles : c’est joli dans cette ambiance bleue !
Tiens, oui d’ailleurs, respirer, ça pourrait être une bonne idée, j’ai failli oublier. Et par la bouche, hein ! Sauf que lorsque j’essaie, ça bloque. Car mon cerveau me dit : “Mais enfin, c’est idiot, tu n’es pas un poisson, tu ne peux pas respirer sous l’eau !”
Ma monitrice constate que ça coince, alors elle me prend par la main et fait un moulinet du poignet au niveau de sa bouche tout en me souriant des yeux. J’insiste, l’air finit par s’engouffrer dans mes poumons, et je l’expulse en bulles qui glougloutent à mes oreilles. Je recommence, en me concentrant sur ce mécanisme qui, à terre, est réflexe et, au bout de quelques inspirations, ça fonctionne – c’est facile en fait ! Ma monitrice peut désormais m’emmener explorer le grand bassin. »
Extase du plongeur (L’), Petite immersion dans le grand bleu et les mondes engloutis
(p. 11-12, Transboréal, ? Petite philosophie du voyage », 2018)