Sur le pont du brise-glace Akademik Fedorov – océan Austral.
Année 2016
© Cédric Gras
Un été vers le bout du monde :
« J’aime Vladivostok quand il souffle fort sur les cheminées de Tikhaya et quand la baie de l’Amour épouse des nuées noires du côté de la Corée du Nord. J’aime les congères qui barrent les rues l’hiver et les silences feutrés de l’avenue de l’Océan après les épaisses chutes de neige. J’aime le vent glacial qui enserre la tête et le bruissement des glaces pendant la débâcle. Ainsi que les torrents d’eau qui dévalent des hauteurs vers la mer en juin. Ça me rappelle les pluies de l’Inde. Et la mauvaise saison dans les Yungas. Mais combien de fois par an Vladivostok a-t-il rendez-vous avec les éléments ? Combien de fois Vladivostok est-il sous le feu des projecteurs foudroyants du ciel ? Deux fois trois jours ? Trois fois ? Avant que tout ne fonde et que ne demeure jusqu’au printemps qu’une mince couche de glace grise ?
Je n’ai pas fait comme Kessel les soirées de San Francisco ni la nouba à Honolulu ; mais après l’Himalaya et même les steppes kazakhes, quand on regarde Vladivostok on a parfois l’impression qu’on a oublié d’ouvrir une fenêtre au carreau sale. »
Vladivostok, Neiges et moussons
(p. 43-44, Phébus, 2011, rééd. 2013)