Chutes d’Iguaçu – province de Misiones (Argentine)
Année 2004
© Émeric Fisset
Née à Limoges en 1969, Julie Boch enseignait la littérature française à l’université de Reims Champagne-Ardenne. Diplômée de Sciences-Po (1992), agrégée de Lettres modernes (1993), pensionnaire du Warburg Institute à Londres (1998-2000), docteur ès lettres (1999), elle était spécialiste des XVIIe et XVIIIe siècles, et s’intéressait notamment aux auteurs moralistes, tel Bayle, polygraphes, comme Caylus, ou utopistes, à l’instar de Tiphaigne de La Roche. Elle a mené avec passion son travail d’enseignante et de chercheuse, donnant des conférences et contribuant à l’histoire des idées, se penchant sur l’esprit humain à travers l’étude du sentiment moral et religieux, de la dimension esthétique et de la perception de la nature. Elle a publié en 2002 sa thèse sur la fable dans la pensée française de Huet à Voltaire menée sous la houlette de Jean Dagen et validé en 2011 la publication de son habilitation à diriger des recherches sur la figure de l’empereur Julien, dit l’Apostat, dans la pensée française de Montaigne à Voltaire, parue en 2013.
Hautboïste amateur, Julie Boch a en outre poursuivi des études de musicologie, chanté comme soprane notamment au sein du chœur Montjoie et écrit, dans la collection ? Petite philosophie du voyage » à laquelle sa sœur, Anne-Laure Boch, avait déjà contribué, un essai sur l’art lyrique, Les Sortilèges de l’opéra (Transboréal, 2011).
Julie Boch s’est aussi intéressée aux récits de voyage à l’époque des Lumières. Elle a assuré l’édition des Voyages dans les Alpes de Horace-Bénédict de Saussure (Georg, 2002). C’est aussi elle qui, en collaboration avec Marie Foucard pour l’introduction, a transcrit et annoté le fleuron du Service historique de la Marine, le Périple de Beauchesne à la Terre de Feu (1698-1701) de l’ingénieur Duplessis (Transboréal, 2003). Elle a par ailleurs été la rédactrice en chef du numéro 13 de la revue Chemins d’étoiles, intitulé Le Bestiaire du voyageur (Transboréal, 2006).
Julie Boch a effectué de nombreux voyages, en Amérique du Nord et du Sud, de l’Islande à Madagascar, en passant par les Açores, le Cap-Vert et la Réunion. À l’été 2005, elle a effectué la traversée pédestre de la chaîne orientale et d’une partie de la chaîne occidentale du Kamtchatka, en compagnie d’Émeric Fisset. À l’été 2006, tous deux ont arpenté la partie méridionale de cette péninsule, depuis le cap Lopatka. Leur récit Kamtchatka, Au paradis des ours et des volcans, deux fois primé, leur a permis d’approfondir leur connaissance de cette région.
À l’été 2011, Émeric Fisset et Julie Boch sont repartis avec le projet de marcher des sources de l’Ob aux eaux vives de l’Ienissei, entre l’Altaï russe et le Touva. De Gorno-Altaïsk, ils ont rejoint la vallée de la Katoun, la branche principale de l’Ob, qui naît au pied du mont Bieloukha. À dix jours de marche de la capitale régionale, sur une route en construction là où ils n’attendaient qu’une piste, Julie Boch a été victime d’un accident mortel de la circulation. C’était dans le décor verdoyant des hauts de la Katoun, à l’heure méridienne, le 13 juillet 2011.
Comme l’a exprimé l’écrivain Yves Gauthier, fervent russophile, ? Julie Boch a su embrasser à la fois le monde et la littérature d’une même étreinte savante et passionnée ».