Ténéré (Niger)
Année 2005
© Paul Lorsignol
Le regard de l’invisible :
« Inconsciemment, c’est sans doute la sagesse du jeune héros de Saint Exupéry qui me conduit à arpenter sans relâche depuis trois décennies les étendues dénudées du Sahara et ses marges habitées. C’est un sentiment d’absence qui donne leur valeur paradoxale à ces terres arides, mais aussi l’espérance que fait naître le vide. Les rives du désert sont steppiques et rugueuses, peu engageantes. Ce qui m’attire vers ces contrées désolées est invisible au regard, et pourtant intensément désiré. Là est la clé de ma fascination : aller au-devant du néant et, miraculeusement, le remplir – d’un puits, d’une rencontre, d’un espoir? Archétypes de notre liberté originelle, les nomades qui peuplent cet espace donnent par leur mobilité un sens à mon errance, tout le moins à mon déplacement. »
Le Murmure des dunes, Petit éloge du désert et de ceux qui y vivent
(p. 11, Transboréal, ? Petite philosophie du voyage », 2008, 4e éd. 2018)