Corridor du Wakhan (Afghanistan)
Année 2000
© Philippe Valéry
Chine :
« Sort-on vraiment un jour d’un songe éveillé aussi beau, d’un tel rêve sans sommeil ? N’est-on pas marqué à jamais par le bleu de la liberté dans l’azur, le blanc étincelant des neiges, le vert des forêts et cet arc-en-ciel fascinant que sait être l’homme ? Oublieux de la dictature iranienne et des horreurs de la guerre croisées sur mon chemin en ex-Yougoslavie et en Afghanistan, mais riche des souvenirs de rencontres merveilleuses, de la bonté de mes congénères, de ces extraordinaires gens ordinaires, je souris tout seul. Je veux croire en la sagesse de l’homme, espérer encore et toujours en une fraternité à venir qui ne soit pas un mirage. Malgré toute la douleur du monde, malgré les différences de nations et d’idéologies politiques, de peuples et d’ethnies, de religions, de langues et de cultures, finalement, au fond de nous-mêmes, là, sous notre chair, nous ne sommes pas aussi éloignés les uns des autres que certains ont intérêt à nous le laisser entendre.
Je pense qu’avant de rentrer dans l’Occident frénétique où le rythme des choses s’accélère, je dois essayer de saisir une dernière fois un peu de l’illusion fluide et diaphane du temps alangui.
Je désire rester ici une bonne semaine et revoir le marché du dimanche, avant de m’en retourner tranquillement en autocar à travers l’Asie centrale. »
Par les sentiers de la soie, À pied jusqu’en Chine
(p. 557, Transboréal, ? Sillages », 2002 ;
? Voyage en poche », 2014, 3e éd. 2020)