Robert Weis

Entre deux mondes :

« Mon carnet de notes déborde de noms de lieux à visiter, d’options à prendre ; je suis conscient que je ne pourrai réaliser qu’une infime partie de mon programme de voyage mais je ne voulais rien exclure. Je déciderai au jour le jour, tout en laissant de l’espace à l’errance, à la découverte, à la dérive aussi. Je sais déjà que ce ne seront pas forcément les lieux les plus connus qui m’attireront le plus. Ma liste comprend des jardins, des montagnes, des cascades, des îles, des temples, des sanctuaires, mais aussi des tombes de poète, des maisons de thé cachées, d’anciens chemins de pèlerinage. Le naturel et sa doublure, le surnaturel, voilà ce qui m’attire ici. Des lieux que je connais grâce à mes lectures, et que j’ai finalement la chance de pouvoir approcher, d’intégrer à la carte de mon paysage intérieur, à ma topologie mentale. Kyôto, la ville si prisée par tant de touristes occidentaux pour ses temples, ses rues et ses bâtiments traditionnels possède aussi un envers que je voudrais explorer. Cette volonté traduit une démarche personnelle mais revêt aussi une signification plus grande. Kyôto, l’ancienne capitale impériale, derrière sa fastueuse histoire, est en son cœur une “ville-jardin”. Malgré le développement urbain, la ville s’inscrit dans un environnement où se mêlent nature et spiritualité. La situation même de Kyôto, au pied du Daimonji, non loin du lac Biwa, ceinturée d’arbres et de monts, dit cette présence et cette intégration de la nature. Cela se remarque à tous les niveaux. À une échelle plus grande, la localisation et l’architecture des sanctuaires traduisent une puissante alliance entre le bâti et le vivant, entre l’éphémère et le permanent, entre le dedans et le dehors, entre l’ici et l’ailleurs, entre le matériel et le spirituel. Je voudrais découvrir et raconter cette perception de Kyôto, ville-jardin par excellence du Japon. Cette approche a aussi une signification importante pour moi : une ville-jardin, c’est un espace accueillant, paisible, rassurant face aux intempéries de l’âme, où je pourrai toujours trouver refuge quel que soit le déroulement de mes explorations. »