Collection « Sillages »

  • Dans les pas de l?Ours
  • Au gr? du Yukon
  • Damien autour du monde
  • Maelstr
  • Unghalak
  • Au vent des Kerguelen
  • Grand Hiver (Le)
  • Voie des glaces (La)
  • Atalaya
  • Par les sentiers de la soie
  • P?lerin d?Orient
  • Volta (La)
  • Nomade du Grand Nord
  • Souffleur de bambou (Le)
  • Seule sur le Transsib?rien
  • Kamtchatka
  • Sous les yourtes de Mongolie
  • P?lerin d?Occident
  • Au c?ur de l?Inde
  • Cavalier des steppes
  • Sous l?aile du Grand Corbeau
  • Sib?riennes
  • Au pays des hommes-fleurs
  • Voyage au bout de la soif
  • Coureur des bois
  • Errance am?rindienne
  • ? l?auberge de l?Orient
  • Sans escale
  • Esp?ritu Pampa
  • Aux quatre vents de la Patagonie
  • Rivages de l?Est
  • Solitudes australes
  • Sur la route again
  • Road Angels
  • ? l??coute de l?Inde
  • Siberia
  • Brasil
  • Route du th? (La)
  • Diagonale eurasienne
  • Routes de la foi (Les)
  • Aborig?nes
  • Odyss?e am?rindienne (L?)
  • ?me du Gange (L?)
  • L?ours est mon ma?tre
  • Arctic Dream
  • Tu seras un homme
  • Ivre de steppes
  • P?lerin de Shikoku (Le)
  • Carpates
  • Moi, Naraa, femme de Mongolie
  • ? l?ombre de l?Ararat
  • Cavali?res
  • Habiter l?Antarctique
  • ?sland
  • La 2CV vagabonde
  • Namaste
Couverture
Au contact des moines :

« Deux jours apr?s Yajiang, nous empruntons un chemin de traverse et suivons le fond quasiment plat d?une nouvelle vall?e ? 3?600?m?tres d?altitude. Les paysages sont magnifiques. En ce mois de mai, l?herbe de la steppe est rase et se d?cline en une multitude de couleurs selon l?humidit? du sol, du brun jaun?tre sur les tertres au vert sapin dans les d?pressions. De vastes p?turages sur l?adret et quelques for?ts de conif?res sur l?ubac, de petits ruisseaux tress?s qui dispensent une eau si limpide que nous la d?cr?tons potable et, de-ci de-l?, quelques tentes de nomades et leurs troupeaux de yacks?: rien d?autre ? perte de vue, hormis le soleil qui brille dans un ciel somptueux. Ce sont les paysages que nous pr?f?rons depuis le d?but de notre p?riple, et nous nous y sentons parfaitement ? notre place et incroyablement ? l?aise. La vie y est rude pour les bergers, surtout ? la mauvaise saison mais, pour des randonneurs comme nous, elle para?t simple et ?vidente?! Pour la premi?re fois, nous avons l?un comme l?autre le sentiment d?avoir trouv? notre ?den. Nous sommes quasiment seuls dans cet environnement grandiose et nous croyons presque ? l?origine du monde. Nous avons tout loisir d?observer la faune sauvage qui prend la pose?: des biches, des marmottes et surtout des colonies enti?res de singes dont la pr?sence ? ces altitudes surprend. Les primates, qui vivent par communaut?s de plusieurs dizaines d?individus, sont tellement nombreux et de si grande taille que Julie est presque inqui?te de bivouaquer dans leurs parages?! Un midi, nous d?busquons une cascatelle ? l??cart du chemin. L?eau est fra?che mais revigorante et nous nous douchons avec d?lectation. S?cher nus au soleil, allong?s sur des dalles ti?des, la t?te perdue dans les nuages? Nous faisons tra?ner ce grand moment de pl?nitude et gravons ? jamais dans nos c?urs le bien-?tre ressenti dans cette oasis spatiale et temporelle.
Nous passons cinq journ?es formidables, perdus dans ces immensit?s, et arrivons un peu malgr? nous ? Larima, petite bourgade tib?taine. Elle est sur notre chemin et nous permet de nous ravitailler, mais nous ne nous y attardons pas, trop press?s de retrouver notre tente, le ciel ?toil? et un certain isolement.
C?est quelques dizaines de kilom?tres avant l?arriv?e ? Larima que nous croisons pour la deuxi?me fois un ancien moine de Dharamsala. Nous sommes sur la piste, dans une sorte de canyon sans visibilit?, o? c?est d?abord la p?tarade d?un moteur que nous percevons. Et puis, au d?tour d?un virage, appara?t un Tib?tain ? moto avec une couronne de feuilles et de fleurs sur la t?te. La surprise est de taille car la route que nous suivons est tr?s peu fr?quent?e et cette moto comme son pilote sont absolument atypiques. La machine est une sportive japonaise, avec car?nage int?gral, guidon bracelet et petite bulle. Absolument rien ? voir avec les p?trolettes chinoises que nous observons depuis le Yunnan. Pourtant, la piste est caillouteuse et difficilement praticable?! Le pilote, outre sa surprenante couronne, porte un blouson de cuir que n?aurait pas reni? Steve McQueen, des gants ?pais et une grosse ?charpe de laine tandis que nous transpirons avec nos manches relev?es. Il s?arr?te ? nos c?t?s et nous interpelle en anglais. Seconde surprise?! ? l?instar de Thokmay, Tengpa a appris l?anglais en Inde, alors qu?il ?tait moine aupr?s du chef spirituel du bouddhisme tib?tain. Il nous explique en deux minutes son retour en Chine, ses sept mois de d?tention ? la prison de Chengdu parce qu?il n?avait pas de papiers, et sa vie actuelle dans une ville ? plus de 100?kilom?tres de notre point de rencontre. Ville qu?il doit d?ailleurs rejoindre imm?diatement pour une raison obscure. Il est aussi loin de l?apparence d?un moine que nous le sommes nous-m?mes d?un autochtone?: tee-shirt de basket am?ricain et surv?tement de sport assortis aux autocollants de la NBA qu?il a dispos? un peu partout sur sa moto, cheveux courts mais pas ras?s comme les bonzes, on l?imagine plus buvant des bi?res et jouant au billard qu?en m?ditation samatha ? une pratique de concentration propre au bouddhisme tib?tain. Nous discutons quelques trop courts instants, ? l?issue desquels il nous somme d?aller voir Dorje, un de ses amis avec lequel il a suivi les enseignements du dala?-lama. Il nous affirme avec conviction que Dorje sera enchant? de parler anglais et de nous accueillir. Il nous ?crit son nom en tib?tain et chinois sur un papier, et nous croyons comprendre que nous le trouverons ? une trentaine de kilom?tres de l?, aux abords d?un monast?re. Nous prenons les photos d?usage pour fixer les traits de Tengpa et repartons sur la piste, emplis de l?espoir de pouvoir passer un moment dans un monast?re aux c?t?s d?un lama anglophone. Le reste de l?apr?s-midi s??coule ? scruter l?horizon, pour essayer de d?celer dans le lointain les drapeaux de couleur qui virevoltent au vent, caract?ristiques de l?approche d?un monument. Mais le soir arrive et nous laisse bredouilles. Au bivouac, nous sommes encore excit?s et impatients de la rencontre annonc?e. Le lendemain midi, nous d?couvrons effectivement des b?timents religieux, sortes de grands chortens entour?s d?anciennes habitations abandonn?es. Les maisonnettes de terre sont presque en ruine mais les ?difices bouddhistes ont fi?re allure dans ce magnifique d?cor. Nous optons pour une pause d?jeuner, en esp?rant la venue de Dorje que nous imaginons s?avancer vers nous dans sa robe pourpre. »
(p. 254-257)

Les plantations de Pu?erh (p.?47-49)
La cueillette du th? (p. 189-218)
Extrait court
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