Une longue fascination :
« Ici se profile sur notre route la silhouette d?Hermann Hesse, l?auteur du Voyage en Orient et de Siddhartha. Lui aussi a tent? d?approcher ces paysages du Bouddha en 1911, lors d?un p?riple de plusieurs mois en Orient, alors qu?il avait une trentaine d?ann?es. Il marchait sur les traces de ses parents et de son grand-p?re maternel qui, partis en leur temps pour une mission d??vang?lisation en Inde, avaient laiss? leur c?ur s?ouvrir au bouddhisme et rapport? des statuettes et autres objets, et plus encore, des impressions et des souvenirs. L?esprit d?Hermann Hesse enfant se laissa gagner par cette atmosph?re. Plus tard, il transmit ? son tour, dans ses romans, un certain go?t d?Orient. Avec lui, le Bouddha n??tait plus un ?tranger. Il parlait aux consciences. Un dialogue s?ouvrait entre lui et nous. J?ai effectu? le voyage mental de ?Siddhartha? bien avant le voyage r?el en Inde, et il est probable que cette lecture assise a particip? ? cette mise en route de ma vie vers le bouddhisme.
Mais Hermann Hesse resta aux fronti?res de l?Inde, comme s?il n?avait os? aller au bout de son dessein. Son ?Siddhartha? n?est d?ailleurs pas le Bouddha et pr?tend m?me s?affranchir de l?image encombrante du guide. Ici, l??crivain passe le relais ? d?autres explorateurs, et c?est une petite femme au visage ferme, au regard d?termin?, qui va nous faire entrer plus profond?ment au c?ur de l?Asie bouddhiste. La pr?sence de cette Occidentale de bonne famille n?a pu que surprendre tous ceux qui la rencontr?rent. Une photographie, au d?but de son voyage, la repr?sente v?tue d?une robe de mousseline blanche, devant une chaise ? porteurs. Elle a d?j? une quarantaine d?ann?es. ? qui lui adressait la parole, elle pouvait r?pondre indiff?remment en fran?ais, en anglais ou, bient?t, en tib?tain.
Alexandra David-N?el ou la qu?te ?perdue du bouddhisme. La voici, une bonne d?cennie plus tard, avec Yongden, son jeune compagnon de marche tib?tain. Les cheveux sont noircis ? l?encre de Chine, prolong?s ? l?arri?re par deux nattes en crin de yack?; le visage a ?t? poudr? de braise et de cacao, puis recouvert de suie. Une robe de bure mis?rable, des bottes us?es, un b?ton ? la main. C?est sous ce d?guisement de mendiante que, ? la faveur d?une temp?te de sable, elle parvient ? p?n?trer dans Lhassa, cit? interdite aux Occidentaux, au terme d?une marche de quatre mois ? travers les montagnes. La petite femme ronde est devenue un ?tre d?charn? dont les yeux brillent d?une intensit? nouvelle.
Alexandra David-N?el ou le droit de s?aventurer en dehors des clous. L?Europ?en se doit d??tre chr?tien, le Tib?tain ou le Japonais bouddhiste, l??gyptien musulman? Eh bien, non?! Avec ce petit bout de femme s??labore une autre musique o? la libert? va croissant. Choisissez votre chemin. Rien n?est trac? d?avance. On peut ?tre bouddhiste en Occident, si l?on y trouve mati?re ? se nourrir.
Poursuivons notre route. Je n?ai, en ce qui me concerne, qu?un modeste sac noir sur le dos et mes conditions de voyage sont, par comparaison avec tous mes pr?d?cesseurs, relativement confortables. Fort heureusement, le choix de la marche durcit le parcours et ralentit le temps. Les paysages ne s?offrent pas instantan?ment. Je pars ? leur rencontre. En ce sens, quoique pour une dur?e courte, je partage un peu le tempo de tous ces h?ro?ques marcheurs des temps pass?s, ? commencer par le Bouddha lui-m?me. »
Le prince Gautama (p. 17-20)
Ma pratique (p.?61-65)
Extrait court
« Ici se profile sur notre route la silhouette d?Hermann Hesse, l?auteur du Voyage en Orient et de Siddhartha. Lui aussi a tent? d?approcher ces paysages du Bouddha en 1911, lors d?un p?riple de plusieurs mois en Orient, alors qu?il avait une trentaine d?ann?es. Il marchait sur les traces de ses parents et de son grand-p?re maternel qui, partis en leur temps pour une mission d??vang?lisation en Inde, avaient laiss? leur c?ur s?ouvrir au bouddhisme et rapport? des statuettes et autres objets, et plus encore, des impressions et des souvenirs. L?esprit d?Hermann Hesse enfant se laissa gagner par cette atmosph?re. Plus tard, il transmit ? son tour, dans ses romans, un certain go?t d?Orient. Avec lui, le Bouddha n??tait plus un ?tranger. Il parlait aux consciences. Un dialogue s?ouvrait entre lui et nous. J?ai effectu? le voyage mental de ?Siddhartha? bien avant le voyage r?el en Inde, et il est probable que cette lecture assise a particip? ? cette mise en route de ma vie vers le bouddhisme.
Mais Hermann Hesse resta aux fronti?res de l?Inde, comme s?il n?avait os? aller au bout de son dessein. Son ?Siddhartha? n?est d?ailleurs pas le Bouddha et pr?tend m?me s?affranchir de l?image encombrante du guide. Ici, l??crivain passe le relais ? d?autres explorateurs, et c?est une petite femme au visage ferme, au regard d?termin?, qui va nous faire entrer plus profond?ment au c?ur de l?Asie bouddhiste. La pr?sence de cette Occidentale de bonne famille n?a pu que surprendre tous ceux qui la rencontr?rent. Une photographie, au d?but de son voyage, la repr?sente v?tue d?une robe de mousseline blanche, devant une chaise ? porteurs. Elle a d?j? une quarantaine d?ann?es. ? qui lui adressait la parole, elle pouvait r?pondre indiff?remment en fran?ais, en anglais ou, bient?t, en tib?tain.
Alexandra David-N?el ou la qu?te ?perdue du bouddhisme. La voici, une bonne d?cennie plus tard, avec Yongden, son jeune compagnon de marche tib?tain. Les cheveux sont noircis ? l?encre de Chine, prolong?s ? l?arri?re par deux nattes en crin de yack?; le visage a ?t? poudr? de braise et de cacao, puis recouvert de suie. Une robe de bure mis?rable, des bottes us?es, un b?ton ? la main. C?est sous ce d?guisement de mendiante que, ? la faveur d?une temp?te de sable, elle parvient ? p?n?trer dans Lhassa, cit? interdite aux Occidentaux, au terme d?une marche de quatre mois ? travers les montagnes. La petite femme ronde est devenue un ?tre d?charn? dont les yeux brillent d?une intensit? nouvelle.
Alexandra David-N?el ou le droit de s?aventurer en dehors des clous. L?Europ?en se doit d??tre chr?tien, le Tib?tain ou le Japonais bouddhiste, l??gyptien musulman? Eh bien, non?! Avec ce petit bout de femme s??labore une autre musique o? la libert? va croissant. Choisissez votre chemin. Rien n?est trac? d?avance. On peut ?tre bouddhiste en Occident, si l?on y trouve mati?re ? se nourrir.
Poursuivons notre route. Je n?ai, en ce qui me concerne, qu?un modeste sac noir sur le dos et mes conditions de voyage sont, par comparaison avec tous mes pr?d?cesseurs, relativement confortables. Fort heureusement, le choix de la marche durcit le parcours et ralentit le temps. Les paysages ne s?offrent pas instantan?ment. Je pars ? leur rencontre. En ce sens, quoique pour une dur?e courte, je partage un peu le tempo de tous ces h?ro?ques marcheurs des temps pass?s, ? commencer par le Bouddha lui-m?me. »
(p.?29-32)
Le prince Gautama (p. 17-20)
Ma pratique (p.?61-65)
Extrait court