Collection « Sillages »

Un lecteur, www.chapitre.com, le 24 f?vrier 2009?:
??Un r?cit passionnant, que j?ai d?vor? en deux jours, et qui donne sacr?ment envie de se remettre en chemin.??

?ric Monard, www.onirik.net, le 17?f?vrier?2009?:
???La dur?e du voyage ? pied, c?est le phras? qui transforme du solf?ge en musique.? Le texte de ce r?cit est l?illustration de ce bel aphorisme. L?auteur, Fran?ois-Xavier de Villemagne au nom pr?destin? (Magna Villa) est un p?lerin original autant qu?un marcheur non conventionnel?: p?lerin qui veut rejoindre Rome depuis Paris seulement apr?s ?tre descendu tout en bas de la Botte, et marcheur qui chausse des sandales de pr?f?rence ? des godillots, comme lors de pr?c?dente marches de Paris ? J?rusalem ou encore dans l?Hindu?Kush au nord du Pakistan?! D?s lors, l?originalit? de l?homme se retrouve dans le regard qu?il porte sur le monde et sur le sens de son p?riple comme l?atteste cette citation en exergue. Les raisons de son d?part sont expos?es au fil des pages et l?on comprend qu?aucune ne supplante les autres. Pourtant une r?sume toutes les autres, et elle a pour nom Peggy, une Am?ricaine rencontr?e ? J?rusalem ? l?issue de son pr?c?dent p?lerinage, qui lui avait ?crit?: ?Forget you?! [T?oublier?!] Comment pourrais-je oublier ton regard??? Et c?est pour recouvrer ces yeux clairs lav?s par huit mois de marche et ce regard ?simple, clair, pos?, dense, profond? o? l?on lisait la v?rit? que Fran?ois-Xavier de Villemagne repartit.
Autant le r?cit du premier p?lerinage P?lerin d?Orient, ? pied jusqu?? J?rusalem montrait un homme ?malheureux comme une pierre? qui se d?faisait longuement de ses cuirasses, autant ce p?lerinage-ci emporte l?adh?sion pour cet homme plus en paix avec lui-m?me et qui pour cette raison d?crit les personnes rencontr?es non pour ce qu?elles lui apportent mais pour ce qu?elles lui permettent de comprendre de leurs v?rit?s. Ainsi une Suissesse ? qui il annonce qu?il priera pour elle ? Rome lui r?pond avoir essay? plusieurs fois de croire sans avoir jamais r?ussi. Et Fran?ois-Xavier de Villemagne de relever une sorte de regret, ?peut-?tre aussi l?envie devant ceux qui ont re?u la gr?ce de croire?. Plus loin, en Suisse encore, le p?lerin, accueilli par une famille de cinq enfants dont le deuxi?me souffre d?autisme et d??pilepsie, est saisi de la joie de vivre qui demeure dans cette famille o? cet enfant-ci ?semble avoir trouv? sa juste place et pas seulement la place unique?. De m?me en Italie, la m?re sup?rieure d?un couvent o? ne vivent plus que quatre moniales tr?s ?g?es croule sous les t?ches harassantes, mat?rielles et spirituelles. Elle lui d?clare que les moniales ayant toujours v?cu ici, leur place est l? et la sienne aussi. Elle acquiesce quand il parle de bonheur, ?non pas une oisivet? b?ate mais cette certitude intime d??tre ? la bonne place. J?ai l?impression d?avoir formul?? l?intuition floue d?une ?vidence? Et je lis la reconnaissance dans son regard.?
Cette r?flexion sur la juste place est r?currente dans le r?cit, y compris dans ses r?flexions sur la juste place de la foi dans la soci?t? des hommes. Elle lui inspire une observation riche d?enseignement ? la faveur d?un d?bat t?l?vis? qu?il relate ainsi?: ?J?ai vu les convictions de l??glise d?fendues avec force par un homme jeune, ordinaire, moderne et pas coinc?, qui ne s?en laissait pas compter et dont les avis ?taient respect?s par ceux qui les attaquaient? Quel bol d?air pur en comparaison de la chape la?ciste qui p?se sur la France?!? V?rit? d?un pays, v?rit? des personnes. Plus au sud encore, ? Otrante, point le plus oriental de l?Italie, devant les ossements expos?s de huit cents hommes qui furent d?capit?s en 1480 pour avoir refus? d?abjurer, il se rem?more les mots d?un rabbin qui en appelait ? la pudeur en faisant visiter le m?morial Yad?Vashem ? J?rusalem o? sont expos?es des photos de d?port?s nus au bord d?une fosse d?un camp d?extermination. ?Les photos qui se trouvent dans mon dos, je refuse de les regarder et je vous supplie d?agir de m?me. Il ne s?agit pas de nier, mais songez seulement?: si c??tait votre p?re, si c??tait votre m?re qui ?taient l?, tremblants, humili?s, ? quelques secondes d?une mort horrible, accepteriez-vous de lever les yeux sur eux?? Accepteriez-vous qu?ils soient livr?s en p?ture au regard des autres??? Juste place, juste regard. Et parce que tout p?lerinage a une fin, la fin de celui-ci pr?pare merveilleusement au retour ? la vie ordinaire par le compte-rendu d?une soir?e ? l?ambassade de France anim?e par un Fran?ais, pr?tre et diplomate ? la fois, que le regard affut? de Fran?ois-Xavier de Villemagne croque sans rien perdre de l?affectation et de la pr?tention du personnage. Il est aussi permis de rire ? se tordre pendant un p?lerinage?! Au final, de m?me que ce p?lerin a fait ?uvre de po?sie dans la citation en exergue, de m?me le r?cit de ce p?lerinage nous exhorte ? faire de notre vie une po?sie, au sens ?tymologique du terme grec poi?sis, qui est l?acte de cr?ation.??