Collection « Sillages »

  • Dans les pas de l?Ours
  • Au gr? du Yukon
  • Damien autour du monde
  • Maelstr
  • Unghalak
  • Au vent des Kerguelen
  • Grand Hiver (Le)
  • Voie des glaces (La)
  • Atalaya
  • Par les sentiers de la soie
  • P?lerin d?Orient
  • Volta (La)
  • Nomade du Grand Nord
  • Souffleur de bambou (Le)
  • Seule sur le Transsib?rien
  • Kamtchatka
  • Sous les yourtes de Mongolie
  • P?lerin d?Occident
  • Au c?ur de l?Inde
  • Cavalier des steppes
  • Sous l?aile du Grand Corbeau
  • Sib?riennes
  • Au pays des hommes-fleurs
  • Voyage au bout de la soif
  • Coureur des bois
  • Errance am?rindienne
  • ? l?auberge de l?Orient
  • Sans escale
  • Esp?ritu Pampa
  • Aux quatre vents de la Patagonie
  • Rivages de l?Est
  • Solitudes australes
  • Sur la route again
  • Road Angels
  • ? l??coute de l?Inde
  • Siberia
  • Brasil
  • Route du th? (La)
  • Diagonale eurasienne
  • Routes de la foi (Les)
  • Aborig?nes
  • Odyss?e am?rindienne (L?)
  • ?me du Gange (L?)
  • L?ours est mon ma?tre
  • Arctic Dream
  • Tu seras un homme
  • Ivre de steppes
  • P?lerin de Shikoku (Le)
  • Carpates
  • Moi, Naraa, femme de Mongolie
  • ? l?ombre de l?Ararat
  • Cavali?res
  • Habiter l?Antarctique
  • ?sland
  • La 2CV vagabonde
  • Namaste
Couverture
Un passant du clair de lune :

« L?Italie, c?est un peu la m?me chose?: un r?ve qui court du pont du Garigliano aux s?r?nades napolitaines, du ch?teau Saint-Ange o? se joue le drame de la Tosca de Puccini ? Fiesole o? se sont retranch?s les conteurs du D?cam?ron de Boccace pour fuir la peste de Florence, des flancs du V?suve o? s?est r?fugi? Spartacus ? la douce lumi?re de Toscane, des ruines de Pomp?i aux amours romantiques de la Graziella de Lamartine. Rome, Naples et Florence, avait r?sum? Stendhal. Un pays qui n?est pas une nation et que l?on conquiert avec le panache de Bonaparte au pont d?Arcole.
Et puis Rome, le Si?ge de Pierre, t?te de l??glise. Rome?: je n?y suis jamais all?.
??Pas possible?! s?exclam?rent mes amis quand je leur parlai de mon projet. Tu as voyag? jusqu?au bout du monde et tu ne connais pas Rome?!
??? 43?ans??
??Justement?: n?est-ce pas une chance inou?e de d?couvrir Rome ? cet ?ge?? de n?avoir encore us? ses yeux sur aucun des chefs-d??uvre de la Ville ?ternelle?? Je donnerais tant pour pouvoir assister aux Noces de Figaro pour la premi?re fois?!
L?italien, je l?ai appris en lisant les livrets d?op?ra. Un engouement n? ? 20?ans qui m?a fait courir les sc?nes parisiennes. ?tudiant fauch?, j?ai attendu des heures innombrables sur les marches du palais Garnier pour obtenir les places bon march? qui s?arrachaient deux semaines avant la repr?sentation. Il fallait arriver vers 7?heures, parfois 5?heures ou avant ? de pr?f?rence avant le premier m?tro. Si l?on ?tait parmi les premiers, on repartait peu apr?s 11?heures du matin, les traits tir?s, avec une place au poulailler pour une centaine de francs ou dans un fond de loge de c?t? o? l?on voyait convenablement ? condition de passer la soir?e debout. De Monteverdi ? Jan?cek, en passant par Gl?ck et Wagner, mais surtout les op?ras italiens de Haendel et Mozart, Rossini, Bellini, Verdi, Puccini? En ce temps-l?, l?Op?ra de Paris proposait un abonnement ?habill?? ? tenue de soir?e de rigueur ? et le diktat populaire ne lui avait pas encore impos? les surtitrages. Alors, pour tromper l?ennui et pr?parer le spectacle, je lisais les livrets en version bilingue sur les marches du palais.
? force d??cumer les files d?attente ? Garnier, au Ch?telet, au th??tre des Champs-?lys?es, on retrouve ? chaque fois le m?me noyau de passionn?s, du jeune musicien ?bouriff? ? la petite vieille venue avec son pliant et sa Thermos de caf?. On s??change les plans et les rumeurs sur les derni?res divas.
??Vous n?avez pas encore vu Cos? au Ch?telet?? Une Fiordiligi merveilleuse?
??Et moi, je suis all?e la semaine derni?re ? Milan pour Lucia. Elle ?tait passable, mais le t?nor, ?pouvantable?!
Personne n?aurait eu l?id?e de parler de Cos? fan tutte ou de Lucia di Lamermoor.
??Il faut absolument assister aux spectacles repr?sent?s aux ar?nes de V?rone. A?da, par exemple. L?ambiance, les mamma italiennes qui s?installent avec le pique-nique, les gradins illumin?s ? la bougie, et puis le chant? J?essaie de m?y rendre chaque ann?e.
Un soir d?hiver, j?arrive ? 20?heures sur le parvis de l?Op?ra?: une nuit enti?re dehors en perspective, ? grelotter dans l?espoir d?entendre Pavarotti dans L??lixir d?amour de Donizetti. ? l?aube, plusieurs centaines de personnes partagent la m?me interrogation?:
??Viendra, viendra pas??
Le t?nor est connu pour ses d?fections de derni?re minute. Alors, attendre quinze heures pour un rempla?ant?? Le soir venu, le roi des t?nors est bien sur sc?ne. Quelques minutes avant le lever du rideau, Renata Tebaldi, l??ternelle rivale de la Callas, est apparue dans la loge d?honneur, suscitant une ovation reconnaissante et admirative. L??lixir d?amour, ce n?est pas de la grande musique. En v?rit?, il n?y a dans cet op?ra qu?un air?: Una furtiva lagrima. Mais quel air, chant? par une telle voix?! Pavarotti triomphe, d?cha?nant un tonnerre de vivats. Et ce soir-l?, essuyant une seconde fois la larme furtive, il bissa son air, cadeau rarissime en cours de spectacle.
Pour moi, l?Italie, c?est aussi cela?: pas seulement l?amore, mais la repr?sentation permanente, le charme et ce cabotinage sans vergogne de Pavarotti qui emporte le c?ur du public devant la l?gendaire Tebaldi et le d?tourne d?elle?: ?L?op?ra, aujourd?hui, c?est moi?!?
Un pays violent o? les peintres ne se contentent pas de leur atelier, o? le Caravage passait plus de temps dans les tavernes mal fam?es que devant ses toiles et dut se r?soudre ? l?exil pour avoir tu? un homme au cours d?une rixe. Un pays o? les carabiniers arrivent toujours en retard et o? les mauvaises langues pr?tendent reconna?tre les chars d?assaut ? leur unique marche avant et leurs quatre marches arri?re. Si les carabiniers ont du retard, les Italiens ne s?en plaignent pas toujours, car les bandits b?n?ficient d?une ?trange bienveillance de leur part. Ils infestaient la campagne et les for?ts ? l??poque o? les Romantiques mirent ? la mode le Voyage en Italie.
J?ai feuillet? un Guide bleu des ann?es?1930 avant de partir. Aust?re et truff? de vers de Virgile ou d?Horace, de plaidoiries de Cic?ron et de citations de Pline et de Tite-Live. Depuis Madame de Sta?l jusqu?aux ann?es?1950, chacun y reconnaissait sans peine les versions latines sur lesquelles il avait transpir? ? l??cole. Parcourir l?Italie, c??tait revisiter son enfance. Aujourd?hui, les classiques ont disparu pour laisser la place ? des photos en quadrichromie.
La d?couverte de l?Antiquit? in?situ, les tr?sors artistiques et la po?sie des ruines exalt?e par Goethe, Chateaubriand et leurs successeurs, la n?cessit? d?achever le Grand Tour comme on pouvait ?faire ses humanit?s?, voil? aussi ce qui m?attire vers ce pays trouss? comme une botte de spadassin. »
(p.?11-13)

V?nus et la Th?ba?de (p.?126-153)
Le phare du bout du monde (p.?255-258)
Extrait court
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