Collection « Visions »
Le vieux lac et les hommes :
« Choudodie Ba?kal, ?miraculeux Ba?kal?. Le lac, que bien des Russes appellent nach?more, ?notre mer?, je l?ai abord? pour la premi?re fois en Transsib?rien. Le train fusait vers le Pacifique, longeant la corne sud. Soudain, par les fen?tres du wagon, la lumi?re s?est transform?e. L?eau renvoyait son ?clat dans l?atmosph?re. Par effet de miroir, le ciel p?lit, le paysage s?ouvrit. L??nergie ba?kalienne, lib?r?e de son athanor, projetait son reflet aux nu?es. Quelques semaines plus tard, j?ai long? la rive orientale ? pied, reprenant l?itin?raire des zek ?vad?s qui savaient que les rives australes touchaient aux steppes de la Mongolie et qu?il suffisait de progresser vers le sud pour s?exfiltrer de l?archipel du Goulag. L?, je me suis empli de la sauvage grandeur des lieux. J?ai saisi ce que la monotonie avait de transcendant pour une ?me encline ? la m?lancolie. Secr?tement, je m?prisais Custine qui, en 1839, stigmatisait ?la r?gularit? effrayante? de la Russie. Le marquis slavophobe aurait mieux ?t? inspir? de demeurer ? la cour de Louis-Philippe. On ne cingle pas vers l?est lorsqu?on est sourd au g?nie des horizons sans fin. Plus tard, j?ai embarqu? ? bord d?un chalutier reconverti en bateau de plaisance et j?ai labour? l?eau du lac pendant quelques semaines. Puis je suis retourn? avec Thomas Goisque ? trois reprises sur la mer sib?rienne. La premi?re fois, nous arrivions de Iakoutie, o? nous avions s?journ? avec les chercheurs d?or de la r?gion de Kropotkine. En accostant les gr?ves, nous avons rencontr? un garde-chasse qui nous a convoy?s en bateau jusqu?? Oust-Bargousine. L?ann?e suivante, au mois de mars, nous avons effectu? le tour du lac par voie de glace ? bord de side-cars Oural. Ce fut une joyeuse glissade entre amis dans la beaut? blanche. Nul pays ne porte mieux que la Sib?rie le manteau de l?hiver. Enfin, lors de l??t??2007, nous avons entrepris une nouvelle circumambulation, en barque ? moteur cette fois, charg?s de 250?litres d?essence et de 20?itres de vodka Standard. C??tait le dernier voyage. Il y en aura d?autres. Car il est une soif que le Ba?kal n??tanche jamais?: celle de le revoir. »
La fin du miracle (p.?38-41)
Le go?t de la nature (p.?104-105)
Finir en cabane (p.?124-127)
« Choudodie Ba?kal, ?miraculeux Ba?kal?. Le lac, que bien des Russes appellent nach?more, ?notre mer?, je l?ai abord? pour la premi?re fois en Transsib?rien. Le train fusait vers le Pacifique, longeant la corne sud. Soudain, par les fen?tres du wagon, la lumi?re s?est transform?e. L?eau renvoyait son ?clat dans l?atmosph?re. Par effet de miroir, le ciel p?lit, le paysage s?ouvrit. L??nergie ba?kalienne, lib?r?e de son athanor, projetait son reflet aux nu?es. Quelques semaines plus tard, j?ai long? la rive orientale ? pied, reprenant l?itin?raire des zek ?vad?s qui savaient que les rives australes touchaient aux steppes de la Mongolie et qu?il suffisait de progresser vers le sud pour s?exfiltrer de l?archipel du Goulag. L?, je me suis empli de la sauvage grandeur des lieux. J?ai saisi ce que la monotonie avait de transcendant pour une ?me encline ? la m?lancolie. Secr?tement, je m?prisais Custine qui, en 1839, stigmatisait ?la r?gularit? effrayante? de la Russie. Le marquis slavophobe aurait mieux ?t? inspir? de demeurer ? la cour de Louis-Philippe. On ne cingle pas vers l?est lorsqu?on est sourd au g?nie des horizons sans fin. Plus tard, j?ai embarqu? ? bord d?un chalutier reconverti en bateau de plaisance et j?ai labour? l?eau du lac pendant quelques semaines. Puis je suis retourn? avec Thomas Goisque ? trois reprises sur la mer sib?rienne. La premi?re fois, nous arrivions de Iakoutie, o? nous avions s?journ? avec les chercheurs d?or de la r?gion de Kropotkine. En accostant les gr?ves, nous avons rencontr? un garde-chasse qui nous a convoy?s en bateau jusqu?? Oust-Bargousine. L?ann?e suivante, au mois de mars, nous avons effectu? le tour du lac par voie de glace ? bord de side-cars Oural. Ce fut une joyeuse glissade entre amis dans la beaut? blanche. Nul pays ne porte mieux que la Sib?rie le manteau de l?hiver. Enfin, lors de l??t??2007, nous avons entrepris une nouvelle circumambulation, en barque ? moteur cette fois, charg?s de 250?litres d?essence et de 20?itres de vodka Standard. C??tait le dernier voyage. Il y en aura d?autres. Car il est une soif que le Ba?kal n??tanche jamais?: celle de le revoir. »
(p.?10-11)
La fin du miracle (p.?38-41)
Le go?t de la nature (p.?104-105)
Finir en cabane (p.?124-127)
