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Lac Rawu, au Tibet (Chine)
Année 1994
© Sylvain Tesson
Écrivain-voyageur. A réalisé trois voyages au long cours dont une traversée pédestre de l’Himalaya, d’est en ouest.

Tibet :


« Le Tibet occidental, à 4 500 mètres, défile sous nos pieds. Rien n’est plus enivrant que de marcher sans répit, au long d’interminables journées, vers des horizons flous, sous les ciels bas et lourds des plateaux d’altitude. Tout fuit vers le lointain : les lignes de relief, les bêtes sauvages, les ruisseaux naissant. Les crêtes épuisées, rabotées par des vents millénaires, ondulent et marquent mollement le rebord de vallées si larges qu’il faudrait une journée pour en relier les deux versants. Aucune montagne ne ferme le paysage. Pas de limite. Seulement l’immense ouverture des perspectives dans laquelle s’engouffre le vent. Il arrive qu’on avance dix heures durant, tout droit, sans que les formes du relief ne changent. Le matin, on prend connaissance du paysage de la journée à venir et l’on s’élance, tête baissée, un peu étourdi, vers l’horizon. Aussi un kilomètre ne signifie-t-il pas grand-chose dans ces espaces aériens, non plus que les dix minutes qu’il faut pour le parcourir. La marche prend l’allure d’un rythme intérieur, d’une seconde nature, d’un mouvement entretenu par la jubilation qu’on éprouve à force d’arpenter la démesure du paysage avec tant de lenteur. Et l’effort, au bout de quelques heures vécues dans l’immuabilité du temps et de l’espace, procure un état de bien-être, de lucidité extrême, de disponibilité spirituelle. Comment s’ennuyer alors ? La vue d’un caillou renvoie l’esprit à une montagne. Le plus petit élément du paysage suffit à nourrir la pensée. »


Extrait de :

Himalaya, Visions de marcheurs des cimes
(p. 76-77, Transboréal, ? Visions Â», 1998)

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