Sur la terrasse d’un appartement à Patan – Katmandou (Népal)
Année 2013
© Carisse Busquet
Prologue :
« Les Daryajhal qui traquent les poissons avec leurs loutres dans la jungle des Sundarbans, les Mog de Maheshkhali qui harponnent les requins dans le golfe du Bengale, les Bediya, gitans des eaux du Gange et du Brahmapoutre, les charmeurs de serpents et exorcistes qui participent à la grande procession annuelle en l’honneur de Manasha, la déesse des reptiles, les bhakta, ascètes qui se livrent à d’extrêmes pénitences dans des villages reculés du Bengale, les kabutar wala, amateurs de vol des pigeons de Delhi, les Bhopa, bardes et mimes itinérants du Rajasthan, les Shidi de Karachi, pèlerins noirs et métis qui rendent hommage aux crocodiles sacrés de Mangho Pir et les joueurs de polo du Karakoram et de l’Hindu Kush ont tous un point en commun : ils représentent des communautés déjà disparues ou en voie de disparition.
Le cadre des histoires contenues dans ce livre est vaste, aussi vaste que l’immense sous-continent indien. Ces récits débutent dans les mangroves du golfe du Bengale, se déploient sur la fertile plaine indo-gangétique jusqu’au désert du Thar, puis, par-delà l’Indus, à celui du Baloutchistan, avant de s’achever aux confins de la chaîne himalayenne.
En un demi-siècle, de la fin de la Seconde Guerre mondiale jusqu’au début du XXIe siècle, les sociétés du Bangladesh, de l’Inde et du Pakistan ont connu de profonds bouleversements. En tant que journaliste et écrivain qui vécut dans ces trois pays, j’ai été le témoin privilégié de ces mutations radicales. Le monde que j’ai connu au début des années 1960 a été englouti ou a subi des transformations radicales. Ce que je décris dans ces histoires est en dehors des sentiers battus, ignoré des touristes mais également des élites urbaines occidentalisées locales. »
[TRASIÉCO]
(p. 11-12, Transboréal, ? Sillages », 2013)