Au large de la Tasmanie (Australie)
Année 1990
© Patrick Fradin
Dépression du ciel et de l’âme :
« Qu’importe la présence d’un équipier ! Partir ? Abandonner tous ces projets d’exploration, quitter l’archipel de Kerguelen sans avoir cherché à le découvrir ? Jamais ! Seul, tout sera plus difficile, quoique plus fort, plus intense. J’accomplirai moins de choses, mais ce sera aussi riche, et j’aurai l’honneur et la fierté d’être resté !
Au-dehors, l’appel d’un albatros fuligineux se répercute sur les falaises. Je les oubliais, mes chers animaux. C’est grâce à eux que j’ai pu jadis surmonter la solitude. Leur présence invite à la contemplation et console des obscures tristesses ; pour eux, je dois rester. Je sens que c’est autour de cette nature vivante que je dois reconstruire mon projet et trouver l’énergie de me dépasser ; vouloir la quitter, ou seulement l’oublier, c’est déjà la trahir.
La marche sera un excellent moyen de renouer avec l’archipel. »
Au vent des Kerguelen
(p. 78, Transboréal, ? Sillages », 2000, rééd. 2006 ;
? Voyage en poche », 2022)