Dans le carré de la jonque Sao Mai (océan Atlantique)
Année 2000
© Thomas Goisque
Cap de Bonne-Espérance et océan Atlantique :
« Il fait noir comme dans un four, aucune étoile ne vient distraire le barreur ni l’aider à se repérer. Le froid, toujours cinglant, glace les extrémités. Deux heures trente à tenir ainsi, sans pouvoir lâcher la barre. La mer est agitée. Il faut rester vigilant, mais les paupières s’alourdissent irrésistiblement. La pluie oblige à s’enfermer dans le ciré. La dernière demi-heure est la plus longue, les minutes s’éternisent. Surtout, ne pas regarder la montre, penser à autre chose. Vivement que ça se termine ! Enfin, une lumière sort d’un hublot, ranimant le barreur. Encore quelques instants et il sera au chaud. Il pense aussi à celui qui, en bas, s’extirpe péniblement de son duvet, s’habille lentement, les membres engourdis. Une lueur dans la cuisine, puis une odeur de café chaud monte jusque sur le pont. Enfin, la relève est là. »
De Saigon à Saint-Malo, Visions de la jonque Sao Mai
(p. 122-123, Transboréal, ? Visions », 2000)