David Lefèvre

  • David_Adjemian
  • Tchinguiz_AĂŻtmatov
  • Marc_Alaux
  • Lodewijk_Allaert
  • JoĂ«l_Allano
  • StĂ©phane_Allix
  • Christophe_Apprill
  • Françoise_Ardillier-Carras
  • Jacques_Arnould
  • Vladimir_Arseniev
  • Pierre-Marie_Aubertel
  • SimĂ©on_Baldit_de_Barral
  • NoĂ«l_Balen
  • Jamel_Balhi
  • FrĂ©dĂ©rique_Bardon
  • Jean-Yves_Barnagaud
  • Fabien_Bastide
  • Julie_Baudin
  • Jacques_Baujard
  • Sylvain_Bazin
  • Emmanuel_BĂ©janin

ForĂŞt de BrocĂ©liande – Ille-et-Vilaine (France)
Année 2011
© David Lefèvre
Fin connaisseur de l’AmĂ©rique latine, et particulièrement de l’Argentine et du Chili. A vĂ©cu sur l’Ă®le de ChiloĂ©.

D’un ocĂ©an à l’autre :


« Sac bouclĂ©, je partis m’asseoir une dernière fois sur le bord de l’Atlantique. Besoin de contempler l’ocĂ©an qui donnait la direction, d’y promener indĂ©finiment dans ma bouche la fièvre prolongĂ©e du grand saut. Incandescence des Ă©motions? Ferveur de l’appareillage. Les grandes ruptures sĂ©crètent cette goutte de folie brĂ»lante, une adrĂ©naline qui vous prend au corps et pĂ©nètre toutes les chairs. Partir. Seul le mot est une dĂ©livrance. Il n’y a rien de plus stimulant que de pouvoir dire : “J’ai levĂ© le camp. Je suis hors d’atteinte. Je m’enfonce dans une autre gĂ©ographie.” Autour, le monde ignore la page que l’on entrouvre. On se sent important, un brin hĂ©roĂŻque. On se promet dĂ©jà liesse, rencontres inattendues et vertes campagnes, comme si la vie à venir nous devait quelque chose. C’est sans aucun mĂ©rite. Probablement l’excitation est-elle très enfantine. C’est comme fourbir un talon secret, prĂ©parer une Ă©vasion. La trentaine passĂ©e, il n’est pas interdit de traquer les cailloux blancs. Ni d’entreprendre le plus innocent des voyages. Comme l’enfant capable de reprendre racine en nous à tout âge, j’envisageais les fastes d’un accostage en continent inconnu.
J’Ă©tais surtout assez fou pour m’enticher d’une chimère ignorĂ©e des planisphères. Mon dĂ©part serait un plongeon dans l’imprĂ©vu. Je me mettrai en route comme on profite d’une Ă©claircie. J’irai au rythme des dĂ©couvertes. Il serait toujours temps de prendre des renseignements sur le grand mystère que j’invitais dans mon bagage. On ne trace aucun plan pour se diriger vers l’inconnu.
Huit semaines plus tard, j’accostai sur les bords du Rio de La Plata. »


Extrait de :

Aux quatre vents de la Patagonie, En route pour la Terre de Feu
(p. 23, TransborĂ©al, ? Sillages Â», 2012, rĂ©Ă©d. 2014)

© Transboréal : tous droits réservés, 2006-2024. Mentions légales.
Ce site, constamment enrichi par Émeric Fisset, développé par Pierre-Marie Aubertel,
a bénéficié du concours du Centre national du livre et du ministère de la Culture et de la Communication.