René Cagnat

  • David_Adjemian
  • Tchinguiz_AĂŻtmatov
  • Marc_Alaux
  • Lodewijk_Allaert
  • JoĂ«l_Allano
  • StĂ©phane_Allix
  • Christophe_Apprill
  • Françoise_Ardillier-Carras
  • Jacques_Arnould
  • Vladimir_Arseniev
  • Pierre-Marie_Aubertel
  • SimĂ©on_Baldit_de_Barral
  • NoĂ«l_Balen
  • Jamel_Balhi
  • FrĂ©dĂ©rique_Bardon
  • Jean-Yves_Barnagaud
  • Fabien_Bastide
  • Julie_Baudin
  • Jacques_Baujard
  • Sylvain_Bazin
  • Emmanuel_BĂ©janin

Monts KĂĽngheĂŻ (Kirghizistan)
Année 2005
© RenĂ© Cagnat
Écrivain et photographe spĂ©cialiste de l’Asie centrale. RĂ©side à Bichkek, en Kirghizie, d’oĂą il rayonne dans tout le Turkestan.

L’Issyk-Koul, la perle du Kirghizistan :


« J’ai rencontrĂ© dans l’Issyk-Koul un personnage extraordinaire, digne d’un roman de Soljenitsyne : Baba Macha. NĂ©e dans l’AltaĂŻ russe, elle est dĂ©portĂ©e à 7 ans en SibĂ©rie avec ses parents, dont le seul crime est d’ĂŞtre koulak, c’est-à-dire de possĂ©der une ferme privĂ©e prospère. Sur l’intervention de Nadejda Kroupskaya, la veuve de LĂ©nine, qui les rencontre lors d’une inspection au bagne, ils sont libĂ©rĂ©s, mais relĂ©guĂ©s dans la rĂ©gion du lac BaĂŻkal. Macha, petite bonne femme sans instruction, est cependant d’une intelligence vive. Consciente des vices du système, elle pose sur lui le regard intense de ses yeux bleu acier, et ne cesse de le contester. Au fil d’une longue errance en SibĂ©rie, elle se marie deux fois et met au monde cinq enfants. Toujours Ă©nergique et gaie, elle les Ă©lève de son mieux, trouvant dans sa descendance comme un bouclier face aux communistes, “la bĂŞte rouge” de toute son existence. Elle prend racine dans la plaine du Tchou, son dernier lieu de relĂ©gation, ce qui lui permet d’alterner les sĂ©jours, au fil des persĂ©cutions, entre le Kazakhstan et le Kirghizistan. Ses enfants se souviennent qu’elle traversait le fleuve à guĂ©, mĂŞme en hiver, pour quĂ©rir leur subsistance sur l’autre rive. L’Issyk-Koul finalement l’accueille, elle et sa famille, loin du monde et du Parti. J’ai connu Baba Macha au soir de sa vie. AdorĂ©e de ses enfants et petits-enfants, sereine, entreprenante, elle se disait prĂŞte, à 85 ans, à dĂ©crocher son bâton d’Ă©ternelle fugitive et à retourner dans son AltaĂŻ natal. Merveilleuse Baba Macha, âme russe inĂ©branlable, aussi simple que profonde, restĂ©e debout quand tant d’autres se sont couchĂ©s, toujours lucide quand tant d’autres n’ont rien compris ! »


Extrait de :

En pays kirghize, Visions d’un familier des monts CĂ©lestes
(p. 52, TransborĂ©al, ? Visions Â», 2006)

© Transboréal : tous droits réservés, 2006-2024. Mentions légales.
Ce site, constamment enrichi par Émeric Fisset, développé par Pierre-Marie Aubertel,
a bénéficié du concours du Centre national du livre et du ministère de la Culture et de la Communication.