Emmanuel Hussenet

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À bord du brise-glace Ivan Papanine – terre de la Reine-Maud (Antarctique)
Année 2007
© Emmanuel Hussenet
Guide de raids et écrivain-voyageur. A mené plus de quinze expéditions dans le Grand Nord.

Bellsund et Hornsund :


« Pourquoi l’Arctique ? Aujourd’hui, je veux encore comprendre ce que je recherchais vraiment dans ces périples, en particulier celui qui m’a conduit à partir seul un été durant, en quête de rivages toujours plus boréaux. Parfois, je vois là une entreprise brillante, tentative non pas de rupture, mais de rapprochement : le lien qui noue le voyageur à son milieu est souvent plus étroit et solide que celui qui relie bien des hommes entre eux. Alors, le souvenir de ma détermination me trouble et m’émerveille. À d’autres moments, quand le doute s’immisce dans mes projets, j’associe à ces entreprises un malaise inavouable, expression d’une impuissance à déjouer les pièges de la vie courante, ou effort désespéré pour sublimer une inconsolable solitude. Non, ma motivation initiale est encore ailleurs. Je me souviens qu’enfant, je rêvais d’équateur, de fleuves puissants et de forêts vierges. Je n’avais aucune prédisposition pour aller vers le froid, au contraire. En quête d’exotisme, de diversité et de luxuriance, je réalisai mon premier voyage au-delà du cercle polaire en marge de mes objectifs. L’Arctique m’a saisi. C’est lui qui m’a convaincu. Bien sûr, j’ai dû faire le deuil de l’abondance, des bruits sauvages, des arbres géants et des poissons d’or, pour apprendre à aimer le dépouillement. Mais mon regard, là-haut, portait plus loin que jamais. Et je compris que, par-delà les pays de soleil que j’entrevoyais dans mes rêves, c’était la lumière que je convoitais. »


Extrait de :

Spitzberg, Visions d’un baladin des glaces
(p. 54-55, Transboréal, ? Visions Â», 1997, rééd. 2003)

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